L'engagement de l'État dans la Française des jeux a été acté lundi dans le projet de loi Pacte. Une autorité indépendante de régulation devrait être créée.
Se désengager de la Française des jeux n'est pas une mince affaire pour l'État. L'entreprise fait rêver 26 millions de joueurs, mais elle est aussi une véritable machine à « cash » pour l'administration française. Chaque année, au total, l'État récupère plus de trois milliards d'euros qui sont prélevés sur les mises remportées par les joueurs. Une manne financière qui sera maintenue, et ce, même en cas de privatisation de la FDJ. Car le désengagement de l'État a été acté, lundi, dans le projet de loi Pacte. Un projet de loi qui prévoit en parallèle la création d'une autorité indépendante de régulation pour l'ensemble du secteur des jeux. Cette entité devra notamment s'assurer que la FDJ remplit sa mission de lutte contre l'addiction des joueurs.
3,4 milliards empochés par l'État
C'est la contribution aux finances publiques apportée l'an dernier par la FDJ, soit 1 % du budget total de l'État. Cette sorte de « TVA du jeu », qui correspond à 22 % des mises des joueurs, subsistera même en cas d'ouverture de capital ou de privatisation. L'État détient actuellement 72 % du capital de la FDJ, aux côtés d'associations d'anciens combattants comme les Gueules cassées (9,2 % du capital) et la Fédération Maginot (4,2 %). Le reste est réparti entre les émetteurs de billets de la Loterie nationale, la confédération des débitants de tabac ou encore les salariés de l'entreprise.
26,1 millions de joueurs
À parité parfaite entre hommes et femmes, la FDJ fait état de 37 % de joueurs « réguliers », 33 % des « occasionnels » et 30 % des joueurs « mensuels ». Les ventes numérisées ont doublé en un an, passant la barre des 10 % des ventes. Mais la plupart des joueurs ont préféré se rendre dans l'un des 30 800 points de vente du réseau – des bars-tabac-presse, mais aussi des fleuristes, stations-service ou boulangeries – situés dans plus de 11 000 communes. Pour 6 700 d'entre elles, il constitue l'unique commerce du village.
Sur le marché légal des jeux d'argent, la FDJ pèse 50 % en termes de produit brut des jeux (soit la différence entre les mises des joueurs et leurs gains), l'autre moitié se répartissant entre les paris hippiques (PMU), les machines à sous dans les casinos, les paris sportifs, le poker et les jeux de table dans les casinos, et enfin le poker en ligne.
Des mises totalisant 15,1 milliards
Les mises des joueurs ont dépassé les 15 milliards l'an dernier, contre 14,3 en 2016. Sur cette somme, quelque 10,1 milliards d'euros ont été redistribués en gains. Outre les 3,4 milliards empochés par l'État, le reste est allé à la FDJ (818 millions d'euros) et au réseau de distribution (908 millions). Près de la moitié (49 %) des mises ont concerné les jeux de grattage (une vingtaine sont proposés par la FDJ), 34 % les jeux de tirage (Loto, Euromillions, Keno) et jeux express, et 16 % les paris sportifs. Un total de 197 joueurs ont été sacrés millionnaires l'an dernier, dont 170 grâce à des jeux de tirage, essentiellement l'Euromillions.
Addiction
La FDJ détient le monopole en France sur les jeux de tirage et de grattage. Dans ce cadre, elle a pour mission de prévenir le jeu « excessif » et les risques d'addiction. Outre des campagnes de prévention et d'information notamment auprès des mineurs, la Française des jeux indique mener chaque année plus de 30 000 « inspections » dans le réseau de distribution, et elle forme également des détaillants pour les aider à détecter les pratiques excessives. « Le modèle de jeu responsable de FDJ constitue un actif essentiel, que l'entreprise a toujours renforcé avec des moyens qui dépassent les exigences de la régulation », dit à l'AFP la PDG de la FDJ, Stéphane Pallez.
Régulation des jeux
Il n'existe pas d'autorité unique chargée de réguler l'ensemble des jeux d'argent. L'arjel est compétente pour les jeux en ligne ouverts à la concurrence (poker, paris sportifs) tandis que trois ministères (Intérieur, Budget et Agriculture) se partagent le reste du marché – casinos, cercles de jeux, jeux d'argent et de hasard en général, jeux sous droits exclusifs de la FDJ et paris hippiques du PMU – certains de ces secteurs dépendant même d'une double tutelle. Un rapport récent des députés Régis Juanico (PS) et Olga Givernet (LREM) sur les jeux d'argent – qui dépeint un « paysage institutionnel très complexe, fondé sur une segmentation obsolète et peu réactive » – préconise la création d'une haute autorité unique de régulation du jeu.
(source : lepoint.fr/AFP)