Alors que le chiffre d’affaires des établissements est en baisse, deux projets sont contestés à l’ouest. À l’est, un casino vient d’ouvrir à Fréjus, tout près d’un voisin. Y a-t-il trop de salles de jeux dans le var?
Les casinos varois vont-ils s'autodétruire ? Alors que le chiffre d'affaires des établissements est en recul de 4,5 % l'an dernier, est-il bien raisonnable d'accorder le feu vert à trois nouveaux temples des jeux dans un département qui en compte déjà cinq sur son littoral, de Bandol à Saint-Raphaël ?
Preuve d'une situation tendue, deux des trois autorisations accordées par le ministère de l'Intérieur en mars 2012 (pour des implantations à La Seyne, Sanary et Fréjus), provoquent de grosses vagues à l'ouest.
Le casino de Bandol, appartenant au groupe Partouche, a déposé des recours pour demander l'annulation des autorisations pour ses voisins, à La Seyne (groupe Joa) et Sanary (Vikings). Le rapporteur du tribunal administratif préconise cette annulation. Jugement attendu le 6 février.
25 millions d'euros à la Seyne
« Nous sommes stupéfaits » commente Dylan Peyras, directeur du casino provisoire ouvert en juillet 2012 aux Sablettes à La Seyne, en attendant l'établissement définitif. « Nous sommes porteurs d'un projet de 25 millions d'euros. Nous avons déjà commencé les travaux du futur casino, les fondations sont coulées. Si nous devons fermer les locaux provisoires, 52 salariés seront à la rue, et 120 à terme, prévus sur l'établissement définitif. »Sans compter le manque à gagner pour la commune qui encaisserait 60 millions d'euros sur 20 ans grâce aux produits des jeux.
Preuve que selon lui, le gâteau peut être partagé, le casino provisoire s'en tire bien pour sa première année d'exploitation. «Quand il y a plusieurs établissements, le marché se régule » analyse Dylan Peyras pour lequel, afin d'assurer sa réussite « il faut une remise en question quotidienne, avec de l'investissement en permanence ». Et pas seulement avec des machines à sous, mais en travaillant autour de l'animation, la restauration.
Numerus clausus
À l'autre bout du département, le directeur du casino de Fréjus, qui a ouvert en décembre dernier, ne dit pas le contraire (voir par ailleurs). Lui aussi est persuadé que la cohabitation est possible avec son voisin raphaëlois, distant d'à peine quelques kilomètres. « Nous avons pris une petite part de marché à Saint-Raphaël, mais surtout nous avons créé une nouvelle clientèle » argumente Stéphane Hourcastagnou. Une « petite part » que le voisin raphaëlois estime à 25 % de son chiffre d'affaires. C'est ce qu'il a perdu depuis que les salles de jeux de Fréjus sont ouvertes. « Une telle concurrence est navrante » lâche le directeur de Saint-Raphaël, Hilario Aznar.
C'est ce que pense aussi la section casinos et cercles de jeux de Force ouvrière (FO). Ce syndicat vient d'écrire à Manuel Valls pour dénoncer un développement « totalement anarchique et non maîtrisé »des salles de jeux. FO demande « une régulation draconienne »,avec des autorisations d'ouvertures accordées non plus au niveau des communes, mais à celui des départements par les préfets, voire des régions ainsi que l'institution d'un numérus clausus.
« Je ne plains pas les groupes qui aujourd'hui sont en perte. Ils ont gagné beaucoup d'argent de 1988 (date de l'introduction des machines à sous) à 2004. Les casinos étaient des pompes à fric »grince Claude François, responsable FO chez Partouche. «Depuis 10 ans, on ne fait que décliner. Et on bricole avec des bouts de ficelle au lieu de se lancer dans de vrais investissements ».Même dans le monde des tapis verts, rien ne va plus, la route de la fortune serait-elle en train de tourner ?
(source :
varmatin.com/Catherine AUBRY)