Propos recueillis par Yves-Marie ROBIN
Fabrice Paire est le directeur général du groupe Partouche (49 casinos). Laurent Lassiaz est le président du directoire de Joagroupe (20 établissements de jeux). Ils donnent leur point de vue.
Est-ce que le projet de casino vannetais pourrait intéresser des groupes comme les vôtres ?
Fabrice Paire. C'est un dossier que nous suivons depuis plusieurs années. Il prend une nouvelle dimension aujourd'hui, après le feu vert donné par les élus du conseil municipal, vendredi. Nous allons regarder ce projet d'ouverture de près, ses modalités, s'il est rentable d'investir à Vannes... Nous agissons de la même façon pour tous les autres projets pouvant exister en France et en
Laurent Lassiaz. C'est un peu tôt pour se positionner. Nous attendons le cahier des charges de la municipalité. Cela étant, nous avions déjà réalisé une étude d'impact il y a quelques années. Elle avait montré que le marché vannetais n'est pas énorme, que le chiffre d'affaires réalisé par le futur casino vannetais serait constitué pour moitié de chiffres d'affaires « piqués » aux voisins. Nous allons relancer une étude d'impact, très précise. Nous ne postulerons que s'il y a du potentiel.
Ce futur casino vannetais sera le cinquième dans le Morbihan après ceux d'Arzon, Carnac, La Trinité-sur-Mer, Quiberon. Et peut-être même le sixième si celui de larmor-plage voit le jour avant. N'est-ce pas un peu trop ?
Fabrice Paire. Par expérience, un nouveau casino arrive toujours à faire sa place, au détriment généralement des autres établissements de jeux existant déjà. Le marché des casinos n'est pas si euphorique que ça actuellement. Il est en stagnation. Nous venons de vivre trois à quatre années de crise profonde.
Laurent Lassiaz. Le département du Morbihan n'est pas hyperpeuplé. Cinq ou six casinos, cela fait beaucoup. Il ne faut pas oublier, non plus, que Nantes pourrait très bien avoir le sien un jour, aussi. Sur la Côte d'Azur, il peut y avoir onze casinos sur onze kilomètres, mais ce n'est pas la même population. Il y a, là-bas, beaucoup de visiteurs étrangers, beaucoup de touristes.
C'est le ministère de l'Intérieur qui délivre les autorisations d'exploitation d'établissements de jeux. Sur quels critères se base-t-il pour donner son accord ?
Fabrice Paire. La commission supérieure des jeux du ministère de l'Intérieur rend un avis au ministre, après avoir mesuré les impacts d'une nouvelle ouverture sur les autres casinos.
En l'occurrence, avec une diminution de 26,8 % de la « population attribuable », selon l'étude d'impact que la ville de Vannes a fait réaliser, notre établissement de La Trinité-sur-Mer ne serait plus viable.
De son côté, d'après mes calculs, le casino d'Arzon perdrait un million d'euros de chiffre d'affaires. Quand une ville ouvre un casino, cela cause forcément un tort aux autres établissements.
Laurent Lassiaz. Une perte d'un million d'euros de chiffre d'affaires, c'est à peu près cela, oui. Cela mettrait en danger l'avenir de notre casino d'Arzon et la cinquantaine d'emplois que nous avons sur place.
Vendredi, l'opposition municipale a dénoncé ce projet de casino, indiquant qu'un établissement de jeux « plume les gens en difficulté financière. » Qu'en pensez-vous ?
Fabrice Paire. C'est diffamatoire ! Nous sommes des professionnels responsables. Nous ne mettons personne en danger. Nos établissements sont hypercontrôlés. Aucun mineur, aucun interdit de jeux n'entre chez nous. Dans un casino, les clients sont contrôlés à l'entrée. On s'occupe également d'eux à l'intérieur...
Laurent Lassiaz. La première motivation pour entrer dans un casino, c'est de passer un moment festif, de s'amuser. Le temps moyen de trajet pour se rendre dans un établissement de jeu, c'est 35 minutes de route. Le ticket moyen dépensé est de 50 €. L'essentiel du chiffre d'affaires se fait le week-end.
Qui fréquente vos casinos ?
Fabrice Paire. Tout le monde ! Nous ne recevons pas uniquement des retraités ou des chômeurs. Les joueurs ont tous les âges, sont de toutes les catégories socioprofessionnelles.
Laurent Lassiaz. Dans un casino, on croise des personnes de 18 à 100 ans, de celui qui gagne le smic au multimillionnaire. C'est un énorme brassage de population.
(source : maville.com/Ouest-France/Yves-Marie ROBIN)