Pour élargir leur public, les établissements de jeux mettent en service des machines à sous où les mises démarrent à un centime.
Espérer le jackpot en misant un ou deux centimes dans une machine à sous ? De plus en plus de joueurs tentent leur chance. «Pour eux, c'est du temps de jeu en plus, explique au Figaro Bruno Cagnon, directeur général des opérations du Groupe Barrière. Ils en ont plus pour leur argent !»
Sur les 35 casinos du groupe Barrière, 19 sont maintenant équipés de machines à sous acceptant les mises à partir d'un centime ; 28 les mises à partir de deux centimes ; toutes à partir de 5 centimes. Au total, sur les 5 956 bandits-manchots des casinos Barrière, 3 422 fonctionnent désormais avec des mises inférieures à 50 centimes.
Le phénomène est apparu en 2007. Avec la crise, il a du succès. «Si vous rentrez dans un casino en fin d'après-midi, les machines occupées sont celles qui acceptent les petites mises, 1, 2 ou 5 centimes, constate Laurent Lassiaz, président du directoire de JoaGroupe, qui a 20 établissements en France. C'est pareil pour le poker : les tables occupées sont celles où la mise est d'un ou deux euros seulement.»
Au casino d'Amnéville-les-Thermes (Groupe Tranchant) en Moselle, 40 % des machines (soit 132) fonctionnent uniquement avec des mises de 1, 2, 5 et 10 centimes. «Ce sont celles qui marchent le mieux», reconnaît Christophe Schanne, son président.
Préserver les emplois
Les bandits-manchots traditionnels (qui acceptent les pièces de 50 centimes, 1 et 2 euros) attirent plus une clientèle de débutants ou d'habitués nostalgiques. «Quand nous achetons une nouvelle machine, nous en choisissons systématiquement une pour les mises à partir d'un centime», raconte Christophe Schanne. À l'heure où les Français vont de moins en moins au casino, il s'agit de les rassurer : «Ces petites machines nous permettent d'élargir notre offre, dans l'optique d'attirer une clientèle nouvelle, plus large, déclare Bruno Cagnon chez Barrière. Pour une clientèle qui ne veut pas dépenser trop, c'est sécurisant.»
Mais ça ne suffit pas à stopper l'hémorragie provoquée par l'interdiction de fumer dans les casinos depuis le 1er janvier 2008. L'an dernier, le Groupe partouche a accusé une perte nette de 8,5 millions d'euros, après un profit de 14,3 millions d'euros en 2007. «Le groupe n'a jamais été en perte depuis son introduction en Bourse en 1995», rappelle patrick partouche. Le chiffre d'affaires a reculé de 5,7 %. Tout en cherchant à préserver les emplois, le groupe fait la chasse aux coûts. Il discute notamment avec des communes pour reporter des investissements.
À cause de son endettement (sa dette nette atteint 353 millions d'euros), il a un besoin urgent d'argent frais. «Aujourd'hui, le groupe a besoin de céder des actifs à hauteur de 100 millions pour retrouver une situation saine dans les dix-huit mois qui viennent, confie au Figaro patrick partouche. Il est hors de question que le groupe fasse faillite ! Notre patrimoine immobilier est valorisé 400 millions d'euros. Nous envisageons de céder des murs mais aussi la vente d'hôtels et de casinos. Nous ne nous interdisons rien.» Plus que jamais, il demande au gouvernement d'aider la profession : «Il est urgent que Bercy se préoccupe des casinos français en réduisant le montant de ses prélèvements qui ne sont plus tenables dans la situation actuelle !»
(source : lefigaro.fr/Mathilde Visseyrias)