Le site de poker en ligne a été introduit à 116 pence, soit une valorisation de 4,6 milliards de livres, supérieure à celle de British Airways. C'est la plus grosse IPO d'une dotcom à la City depuis cinq ans.
Les jeux sont faits à la City. Le groupe de casinos en ligne britannique PartyGaming a littéralement raflé la mise lors de sa première journée de cotation à la Bourse de Londres, lundi 27 juin 2005. Montant des gains : 906 millions de livres (1,36 milliard d'euros). C'est la plus grosse IPO en Europe dans le domaine de l'Internet depuis les années folles des dotcom, avant l'éclatement de la bulle en 2000. Le premier site de poker en ligne au monde est ainsi valorisé près de cinq milliards de livres (7 milliards d'euros). Cette capitalisation, supérieure à celle de la compagnie aérienne British Airways, permet à PartyGaming de rentrer directement aux abords du soixantième rang sur l'indice vedette de la Place londonnienne, le FTSE 100.
L'action a été introduite au prix unitaire de 116 pence. Dès l'ouverture du London Stock Exchange lundi, le titre PRTY s'enflammait avec un plus haut dans l'après-midi à 132,45 pence. A la clôture, il gagnait 11,2 % à 129 pence dans un volume de transactions de 357,16 millions de livres (536 millions d'euros). L'opération portait sur 781 millions d'actions, soit 20,6 % du capital de PartyGaming, les fondateurs et la direction actuelle du groupe s'étant engagés à céder des titres. PartyGaming a ainsi été valorisée plus de 5 milliards de livres. Un véritable jackpot pour ses actionnaires, deux informaticiens d'origine indienne, Anurag Dikshit et Vikrant Bhargava, et un couple d'Américains ayant fait fortune dans les sites Internet pornographiques, Ruth Parasol et Russ DeLeon.
Fondé en 1997, PartyGaming exploite les sites PartyPoker.com, qui contrôle près de 54 % du marché mondial, starluckCasino.com et PartyBingo.com. Ses recettes, des commissions prélevées sur chaque partie, ont quadruplé l'an dernier pour atteindre 602 millions de dollars. Ses bénéfices ont été multipliés par sept en deux ans et sa structure de coûts lui permet de dégager une marge opérationnelle de 58 %. Sur le premier trimestre 2005, son chiffre d'affaires a doublé à 222 millions de dollars, dont 90 % proviennent du poker en ligne. PartyGaming ne manque donc pas d'atouts dans son jeu pour séduire les investisseurs.
Néanmoins, le pari de l'IPO comportait de nombreux risques. La société réalise en effet 80 % de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, pays où le Ministère de la Justice juge illégal le jeu en ligne. Certes, cette législation ne concerne que le domaine du sport, sur lequel PartyGaming n'est pas présent. Néanmoins, pour éviter toute difficulté, la société a développé son propre système de paiement en ligne et a délocalisé son siège social à Gibraltar. Malgré cela, le jeu en ligne reste illégal dans bon nombre de pays. Ce risque juridique majeur a d'ailleurs pesé sur les modalités d'introduction de PartyGaming. Le prix d'introduction a ainsi été fixé dans la fourchette basse des estimations. Ce qui n'a pas empêché les investisseurs de se prendre au jeu. La demande de titres a été souscrite plus de trois fois l'offre.
A l'instar d'une autre société britannique spécialisée dans les paris sportifs en ligne, Sportingbet, introduite en Bourse en 1999 et dont l'action a gagné plus de 78 % depuis le début de l'année, les valeurs du jeu en ligne semblent bénéficier de la faveur des marchés. Selon une étude du cabinet spécialisé Christiansen Capital, les revenus issus des jeux en ligne dans le monde devraient tripler d'ici cinq ans, passant de 8,2 milliards de dollars en 2004 à 24,5 milliards de dollars en 2010. Leur part dans le chiffre d'affaires global de l'industrie du jeu passant par là même de 3,4 % à 8,1 %. L'arrivée en Bourse de PartyGaming devrait d'ailleurs faire des émules : Empire, le site de poker en ligne de l'homme d'affaires israélien Noam Lanir, et Cassava Enterprises, qui gère le casino en ligne 888.com, doivent également faire leur entrée à la Bourse de Londres avant la fin 2005.
(source : journaldunet.com/ Emilie LEVEQUE)