Les cercles de jeux craignent aussi pour leur avenir. Peu nombreux (neuf à paris, quatre en province), régis sous le statut d'association loi 1901, frappés d'une image sulfureuse, ces établissements se considèrent comme les parents pauvres du marché du jeu.
Leurs dirigeants dénoncent régulièrement l'ostracisme dont feraient preuve les pouvoirs publics à leur encontre, un traitement fiscal moins avantageux que celui des casinos et la "concurrence déloyale" de ses derniers.
Face aux treize jeux exploités dans les casinos (dont la roulette, les machines à sous et le black jack), un cercle ne peut proposer que le poker, le baccara chemin de fer et le baccara à deux tableaux ainsi que le billard multicolore à 25 godets de cinq couleurs différentes.
Les dirigeants des cercles réclament depuis longtemps à leur tutelle, le ministère de l'intérieur, l'extension de leur activités à la roulette ou aux machines à sous, sans succès pour l'instant.
"CHASSE GARDÉE"
Selon les dirigeants des cercles, les casinos bénéficieraient de dérogations mettant en danger leur activité. Depuis 1995, le casino d'Enghien-les-Bains (Val-d'Oise) a attiré des clients des cercles en obtenant le droit d'exploiter des jeux qui lui étaient interdits du fait de sa proximité avec paris : la roulette, le black jack et le punto banco. Les principaux cercles parisiens ont aussi signalé au ministère de l'intérieur l'organisation en février 2005 d'un tournoi de poker au casino de Deauville, jeu qualifié de "chasse gardée" par les cercles.
Un cercle se rémunère sur les cotisations des 2 000 à 3 000 joueurs-adhérents que comptent en moyenne ces établissements, sur les prélèvements sur les gains des joueurs et enfin sur les recettes des bars et restaurants exploités dans ces lieux. Les principaux cercles parisiens, dont le Cercle de l'aviation et le Wagram, emploient de 90 à 110 personnes et ne bénéficient pas de l'abattement fiscal de 20 % octroyé aux casinos.
Associations à but non lucratif, les cercles génèrent des revenus importants. La loi impose le reversement de 10 % du produit brut des jeux à des œuvres sociales mais ne contrôle pas tous les comptes. En 2000, le Cercle Haussmann, à paris, a distribué 61 000 euros à 57 associations. Le Club anglais a reversé, depuis 1998, plus de 230 000 euros.
(source : lemonde.fr/Jacques Follorou)