Hier, face à l'échec des discussions, les syndicats ont réitéré leur mot d'ordre de grève pour le 31 décembre.
«Je serais joueur de casino et j'aurais prévu une soirée pour le réveillon du nouvel an, je changerais de programme...» Pour le porte-parole de l'intersyndicale des casinos de France, l'appel à la grève du 31 décembre est maintenu. Les «négociations de la dernière chance» entre les cinq syndicats et les chambres patronales ont échoué hier (Libération de mardi).
«Sabotage». Les syndicats réclamaient un régime de prévoyance de branche qui couvrirait l'ensemble des 17 000 salariés du secteur (selon eux, 40 à 50 % en sont aujourd'hui privés), ainsi que 6 jours de repos compensateurs pour travail de nuit. Les employeurs n'en ont proposé que deux. Les négociations n'ont pas abouti et les casinotiers en ont profité pour reprendre les 3 % d'augmentation salariale qu'ils avaient accordés lors de la dernière journée de négociation, le 16 décembre.
«C'est un sabotage social, tonne Pierre-Alain Durat, négociateur pour la CFE-CGC. Ils ont volontairement fait échouer les négociations pour reprendre les 3 % d'augmentation !» Joël Mingasson, président du syndicat patronal Casinos de France (qui regroupe notamment Accor et Barrière), parle plutôt de la «responsabilité» des casinotiers. «Le travail de nuit dans notre secteur n'est pas une nouveauté : nos employés le savent avant de se faire embaucher. Et notre marché est en stagnation...» explique-t-il. Avant de reconnaître une augmentation du chiffre d'affaires du secteur de 34 % entre 1999 et 2003. «Mais l'Etat et les communes en prennent 56 %...»
«Les employeurs de casino vivent dans un autre monde. Aujourd'hui, travailler dans un casino équivaut à travailler la nuit, les week-ends et les jours fériés pour un salaire avoisinant le Smic», explique l'intersyndicale, qui appelle la clientèle à manifester sa solidarité avec les salariés en boycottant la roulette et les bandits manchots pour le réveillon. Enfin, les syndicats demandent «au ministre de l'Emploi d'annuler les aides financières dont bénéficient les casinos depuis le 1er juillet», conditionnées au nombre de salariés employés (114 euros par mois et par salarié au Smic).
Chiffre. «Le patronat parie sur une faible mobilisation», estiment les syndicats. C'est pourtant le jour où, toujours selon un syndicaliste, les salles de jeux encaissent 30 à 50 % de leur chiffre d'affaires annuel. «Et contrairement à ce qu'ils croient, assure David Rousset, porte-parole de l'intersyndicale, on sent que la mobilisation grossit.» Hier soir, conscient qu'il joue gros dans ce conflit, le patronat a répété qu'il continuait «à souhaiter que les organisations syndicales concluent cet accord dans les prochains jours».
(source : liberation.fr/Sonya FAURE)