Dans quelques semaines, la cité haut-marnaise va devenir propriétaire de ses thermes. Un casino est en construction. Cure de jouvence en pleine campagne.
BOURBONNE-LES-BAINS. - Un peu plus de midi sur la place centrale de Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne). Il y a ce qui s'apparente ici à de l'animation. Cheveux gris parfois couverts d'une serviette, survêtements en guise d'uniforme, des seniors quittent le centre thermal où ils viennent de boucler la cure matinale. A côté des menus, les restaurateurs affichent également la liste des plats à emporter. Tomates farcies, carottes râpées, céleri rémoulade... Dans ce gros bourg (2.500 habitant) planté en pleine campagne, la vie s'écoule ici aussi paisiblement que la source qui faisait déjà le bonheur des genoux des envahisseurs romains. A l'entrée de la commune, des pancartes présentent également le menu : thermes, rhumatismes, rééducation fonctionnelle, ORL.
Ne pas se fier aux apparences de cette douceur presque angevine. Bourbonne-les-Bains ne ronronne pas. La ville est pleine de projets dont les premières traces sont désormais visibles. Le concessionnaire des thermes a changé. Sur les portes, les étiquettes de Valvital ont remplacé celles de Thermafrance. Place des Bains, un casino est en construction. Les murs sont déjà dressés. Aussi droits que des cartes de black Jack. Ouverture programmée en 2006. Et, plus important encore, la commune signera dans les mois, voire dans les semaines à venir, le transfert des thermes de l'Etat à la commune.
Opérations « indolores »
André Noirot (UMP), maire depuis 1989, ne cache pas sa joie. Il entrevoit désormais le terme d'interminables démarches qui, au fil du temps, avaient pris des allures de serpent de mer. En 1993 déjà, l'ouverture « prochaine » d'un casino était annoncée. « Et, depuis la Révolution Française, tous les conseils municipaux ont demandé le transfert des thermes. Nous avons entamé une nouvelle fois la démarche en 2002. On n'y croyait pas trop. Mais là, à notre grand étonnement, on nous a dit oui ». André Noirot sort la calculette, explique. « Le rachat des thermes se négocie sur la base des domaines aux alentours de plus de cinq millions d'euros. Le concessionnaire nous versera une redevance de 13 % de la recette brute, soit près 760.000 € qui couvriront notre annuité d'emprunt. En dix ans, notre investissement sera remboursé ». Ensuite, cette manne, qui prenait la direction des caisses de l'Etat, rejoindra celle de la commune. Concernant le casino, la mairie vise là-aussi une opération quasiment indolore. Le Groupe Eméraude, qui a obtenu la concession pour 18 ans, versera entre 7 à 10 % de son chiffre d'affaires à la ville selon ses recettes. Ce qui est peu... « Mais le groupe prend en charge la construction du casino qui s'élève à près de 5,5 millions d'euros. Dans le cas le plus défavorable, il devrait verser une rentrée annuelle de 300.000 euros à la commune ». Casino et thermes devraient, au final, générer plus d'un million d'euros de recettes annuelles supplémentaires.
« Nous étions spectateurs »
De quoi offrir, en plus de son eau à 66,5ème, une belle bouffée d'oxygène à Bourbonne-les-Bains. Comme les autres, la cité haut-marnaise, « première station thermale au nord de la Loire, la dixième de France » (sic), connaît tous les ans une érosion du nombre de ses curistes. « Entre 1 à 2 % », souligne André Noirot, « En 1989, on est monté jusqu'à 15.000. Aujourd'hui, on est à 12.300 ». Pour l'essentiel, la clientèle est composée d'assurés sociaux (95 %) plutôt âgés (entre 60 et 80 ans).
« Il est clair qu'il faut proposer quelque chose en dehors de la cure », souligne Pascale Colin, la directrice de l'office de tourisme, « Les gens qui viennent ici veulent prendre le temps de vivre et de bien vivre ». Des opérations conjuguées avec Fayl-Billot et Langres ont ainsi été montées. Le casino amènera avec lui des salles de conférences, de spectacle (400 places), de danse (500) et de cinéma (250). Ce qui devrait séduire une clientèle plus jeune. « Tant que nous n'étions pas propriétaires des thermes, nous étions des spectateurs », observe André Noirot. Aujourd'hui, Bourbonne-les-Bains s'apprête, à son tour, à subir sa propre cure.
(source : estrepublicain.fr/Philippe MARCACCI)