Les propriétaires de casinos américains sont de plus en plus nombreux à parier sur la fièvre du jeu qui s'empare des Britanniques, alors que la législation locale tourne en faveur des industriels.
Dernier projet en date, le Caesars Wembley, un vaste complexe hôtelier et de machines à sous, qui verra le jour en 2008 à côté du stade de football londonien, dans un quartier en pleine rénovation.
Caesars Entertainment, le gérant du mythique palace de Las Vegas, a mis sur la table 330 millions de dollars pour son nouvel édifice, qui comptera 400 chambres, 1.250 bandits-manchots de "catégorie A", dont le jackpot peut atteindre un million de livres (1,45 million d'euros), et 110 tables de jeu.
Le Times a révélé cette semaine une liste de 81 autres implantations à venir. L'américain mgm Mirage, numéro un mondial du secteur, va notamment s'implanter à Newcastle (nord de l'Angleterre), Sheffield (centre) et Londres.
L'intérêt des grands groupes pour la Grande-Bretagne n'est pas nouveau. En supprimant, en 2001, la taxe sur les paris individuels, le gouvernement avait déjà attisé les convoitises.
Mais le goût des Britanniques pour le jeu est devenu depuis une véritable manne, avec 40 milliards de livres de chiffre d'affaires sur les 12 mois achevés fin septembre, contre moins de huit milliards il y a trois ans, selon des chiffres du cabinet Global Betting and Gaming Consultants (GBGC).
"La performance récente de l'industrie du jeu au Royaume-Uni montre vraiment son potentiel à devenir le véritable leader du marché mondial du pari", estime Warwick Bartlett, du GBGC.
Le développement des casinos sur internet a largement contribué à cette explosion du chiffre d'affaires, mais la législation britannique y est aussi pour quelque chose.
"Le Royaume-Uni est considéré comme ayant le meilleur système au monde de fixation des cotes et de régulation, ainsi qu'un modèle fiscal qui est copié par certains et envié par d'autres", souligne Warwick Bartlett.
Le nouveau projet de loi du gouvernement pour les jeux et paris devrait séduire encore davantage le secteur. Il vise à assouplir la règlementation en vigueur, en supprimant par exemple l'obligation actuellement imposée aux joueurs de s'enregistrer auprès d'un casino 24 heures avant d'y mettre les pieds.
Face aux critiques des églises et des associations, qui redoutent une hausse des cas de dépendance au jeu, comme cela s'est produit en Australie après l'introduction d'une législation plus souple, le projet de loi a été revu en juin et les machines à sous seront notamment interdites dans les "fish and chips".
Le gouvernement britannique a annoncé jeudi son intention de soumettre le projet de loi au parlement plus tôt que prévu.
Les spécialistes du secteur s'attendent à ce que la nouvelle loi déclenche une arrivée en masse en Grande-Bretagne de gros casinos, car elle impose d'avoir une surface supérieure à 5.000 mètres carrés pour obtenir le statut d'établissement "régional", qui permet d'installer les machines offrant les gains les plus importants.
"Le principal problème avec la nouvelle loi, c'est qu'elle laisse sans réponse la question de savoir combien de casinos accueilleront des machines à gros jackpots, où ils seront implantés et quelles retombées économiques ils seront censés avoir", explique Peter Collins, directeur du centre de recherches sur les jeux d'argent à l'université de Salford (nord de l'Angleterre).
Selon lui, la déferlante ne viendra pas que des Etats-Unis, même si les groupes de casinos américains, menacés à domicile par la concurrence des tribus indiennes, sont à la recherche de nouvelles niches.
"Ils se disputeront licences et clients avec les groupes européens, australiens et sud-africains, ainsi qu'avec l'industrie britannique en place", prévoit-il.
(source : boursorama.com/AFP)