Détenue depuis l’ouverture en 2007 par le groupe Barrière, la concession du casino municipal de Toulouse, s’achève. La mairie vient de lancer l’appel d’offres. Il y a 20 ans, les concurrents s’étaient livrés une bataille acharnée.
Refaites vos jeux?! Signée le 3 mai 2005 entre la mairie de Toulouse et le groupe Barrière, la concession pour la construction et l’exploitation d’un casino municipal, prolongée deux ans, arrive à échéance le 31 janvier 2026. Et, pour être prêt à temps, les élus toulousains, lors du conseil municipal du 1er décembre, ont approuvé le renouvellement de la concession du casino qui avait ouvert ses portes en 2007 sur l’île du Ramier, à la place de l’école de chimique détruite par l’explosion d’AZF.
Vendredi dernier, la mairie, en ouvrant la période de consultation, a officiellement donné le coup d’envoi de la procédure. Les candidats ont jusqu’au 26 juin, 12 heures, pour se faire connaître. Suivra une longue phase d’analyse des offres en vue d’une attribution qui pourrait être votée en fin d’année au conseil municipal, estime-t-on au Capitole.
Et d’ici là, toute la procédure est confidentielle, même la divulgation par la mairie du nom des candidats.
Troisième casino de France
Lorsqu’il avait lancé l’idée de créer un casino à Toulouse, Philippe Douste-Blazy, maire entre 2001 et 2004, évoquait fin 2002, un an après la catastrophe d’AZF, l’idée de compenser la perte de la taxe professionnelle due à la fermeture de l’usine chimique. Et il concevait ce projet «?haut de gamme?», comprenant salle de spectacle et restaurant gastronomique, en lien avec un hôtel cinq étoiles en bord de Garonne.
Le groupe Barrière, qui a remporté la partie, est donc depuis 17 ans à la tête d’un établissement qui propose trois activités?: les jeux qui pèsent 77,5?% du chiffre d’affaires net qui était de 28 M€ en 2022?; deux restaurants, dont le Fouquet’s, et trois bars (16,5?% du chiffre d’affaires)?; et une salle de spectacle (6?%). Il emploie sept jours sur sept 206 personnes en moyenne. En 2022, le casino a reçu 800?000 personnes et il programme, par an, 150 spectacles.
Barrière, n° 1 français, est donc solidement arrimé sur l’île du Ramier à la tête d’un casino qui est devenu le troisième de France avec un produit brut des jeux 2022 de 53 M€. Derrière le n° 1, Enghein près de paris dans le Val-d’Oise, et le n° 2, l’Alsacien Blotzheim.
Cette troisième place sur le podium des casinos français va-t-elle susciter des vocations?? Lors de l’attribution de 2005, la bataille avait été rude. En octobre 2003, pas moins de dix candidats étaient sur les rangs avec six sélectionnés?: Partouche, Barrière, Accor, Tranchant, Tahoé-Québec, Didot-Bottin. Et quatre écartés?: Viking, Emeraude, Moliflor et Omnium casino, propriétaire de Salies-du-Salat. Mais la procédure s’est révélée un chemin de croix pour la mairie à la suite de recours qui ont entraîné quatre annulations par le tribunal administratif. Puis une enquête pénale menée par la Police judiciaire lorsque le candidat malheureux Partouche a attaqué son rival Barrière. Un bras de fer classique, semble-t-il, de ces matchs au sommet. Parallèlement, un collectif «?casino à Toulouse, non merci?» attaquait la mairie sur le permis de construire.
On verra si Barrière, candidat naturel à sa succession, peut être menacé. Un changement serait un coup dur comme cela l’avait été en 2019 pour Partouche qui avait perdu au profit d’un groupe belge la concession de Boulogne-sur-mer qu’il gérait depuis 33 ans. À l’inverse, en 2019 également, à Bordeaux, Barrière n’a vu aucun concurrent venir le menacer. Interrogé ce lundi, Partouche n’a pas souhaité s’exprimer sur son éventuel intérêt pour Toulouse.
Une bonne affaire pour la mairie
Le casino représente une bonne affaire pour la mairie qui perçoit quelque 10 M€ par an en moyenne. Précisément, en 2022, la mairie a encaissé 11,4 M€ grâce à cinq sources de revenus : le reversement mensuel de 15 % du produit des jeux (et de 10 % du prélèvement opéré par l’Etat), soit 7,5 M€; des redevances pour l’occupation du domaine public, soit 1,9 M€; une redevance de contrôle de 78 000 €; le versement de la taxe foncière de 214 000 €. Et enfin, en application du cahier des charges, une contribution à l’animation culturelle et touristique de la ville qui s’est élevée en 2022 à 1,6 M€. Une contribution qui est ensuite reversée sous forme de subvention aux associations municipales. Dans le cadre de l’appel d’offres lancé vendredi, deux types de délégations peuvent être proposés par les candidats : sur 8 ans ou bien 16 ans avec la construction d’une extension.
(source : ladepeche.fr/Jean-Noël Gros)