Le président du directoire du groupe de casinos partouche Fabrice Paire s'est agacé mardi auprès de l'AFP d'un "déséquilibre" de traitement en faveur de la Française des Jeux et estimé que la profession "méritait" une politique "avec un peu plus d'ambition" que la récente loi permettant l'ouverture de nouveaux casinos.
Cette proposition de loi adoptée définitivement mardi dernier autorise l'ouverture de casinos dans les communes ayant un haras national où ont été organisés au moins dix événements équestres d'envergure ces cinq dernières années ainsi que dans les agglomérations de plus de 100.000 habitants de départements frontaliers ne disposant pas de casinos.
Concrètement, cela autorise quatre nouvelles ouvertures, selon M. Paire : Saumur et Arnac-Pompadour pour le côté équestre et les intercommunalités de Sedan et Nancy pour l'autre dispositif.
"On va s'intéresser aux appels d'offres mais il n'y a pas d'automatisme, il faut que les souhaits de la ville soient compatibles avec le modèle économique qu'on peut déployer. On n'ira pas à n'importe quel prix", a indiqué M. Paire .
"Ce qui est franchement dommage, c'est que ce n'est pas à la mesure de ce que devrait être la politique du jeu en France. Il y a énormément de zones blanches où il n'y a pas de casino et on aurait mérité une politique un peu plus concertée, structurée, avec un peu plus d'ambition", a-t-il déploré.
Surtout que selon lui, la FDJ est "aujourd'hui le seul acteur du jeu qui continue à avancer en France" avec "des possibilités de développement assez hégémoniques" contrairement au reste du secteur des jeux.
"On pensait que sa privatisation conduirait à ce que l'Etat soit un peu plus regardant, à un meilleur équilibre" avec les autres acteurs, c'est tout le contraire qui se passe, a-t-il déploré.
Il s'exprimait à l'occasion de la publication du chiffre d'affaires annuel du groupe qui s'est établi à 423,8 millions d'euros entre novembre 2022 et octobre 2023, en hausse de 9% par rapport à l'exercice précédent.
Le produit brut des jeux (PBJ), indicateur-clé du secteur (différence entre les mises des joueurs et leurs gains) a progressé sur la même période de 10,2 % à 701,5 millions d'euros.
Côté perspectives, le groupe s'est félicité du renouvellement de la concession de casino de Meyrin en Suisse, pour 20 ans à compter du 1er janvier 2025, ainsi que de l'accueil du championnat du monde de poker World Series of poker dans un stade parisien fin mai 2024.
Selon Fabrice Paire, la tenue de cet événement est "un bon exemple de l'utilité qu'ont les clubs de jeux à Paris".
Ces clubs de jeux sont expérimentés depuis 2018 dans la capitale - où les casinos sont interdits depuis 1920 dans un rayon de 100 km, avec une seule exception pour l'établissement d'Enghien-les-Bains- et les pouvoirs publics devraient décider d'ici fin 2024 d'une éventuelle pérennisation.
Les casinotiers souhaitent se saisir de cette occasion pour ouvrir "une réflexion plus structurée" autour du jeu, en s'attaquant notamment aux "zones blanches".
"Il y a énormément d'endroits en France avec une densité de population suffisante et où une installation de casino serait justifiée", d'après lui, citant les exemples de "Reims, Laval, Orléans ou Le Mans".
Les détracteurs de nouvelles implantations de casinos soulignent que la France concentre déjà 40% des casinos de l'UE, sans compter le risque d'addiction aux jeux.
(source : boursorama.com/AFP)