Patrick Partouche, l’un des patrons les plus emblématiques du secteur des casinos, était à Royat pour fêter les 50 ans du groupe.
Fondé en 1973, le groupe Partouche célèbre cette année ses 50 ans. Jeudi soir, le directeur du groupe du casino éponyme était à Royat, l’un de ses 42 établissements, pour fêter ce demi-siècle d’existence.
Le groupe Partouche, c’est d’abord une aventure familiale?
C’est cinquante ans d’une histoire familiale et professionnelle passionnante. En 1973, mon père Isidore fait, avec ses sœurs et ses frères, l’acquisition de son premier casino dans le nord de la France, à Saint-Amand-les-Eaux. J’y ai, moi-même, passé 30 ans, c’est mon casino de cœur. Véritable pilier de l’entreprise, Isidore fera ensuite l’acquisition du Touquet en 1976. Nous ne pensions pas à l’époque que le groupe prendrait une telle dimension.
Le groupe, c’est quoi en chiffres?
"C’est quarante-deux casinos, dont trente-neuf en France. C’est onze hôtels, deux golfs, des spas, des salles de spectacle, des restaurants, des bars… qui résonnent dans beaucoup de villes de France."
Pour un chiffre d’affaires de…
"Notre groupe est coté en bourse. Nos comptes sont ouverts au public, nous n’avons rien à cacher. Partouche, c’est 400 millions d’euros. C’est le deuxième groupe français dans le domaine du divertissement, derrière Barrière, qui compte moins d’établissements mais des casinos plus volumineux."
Comme définissez-vous votre activité?
"J’ai une expression qui fait rire mes enfants : je suis un “happyculteur”. J’inscris mes établissements de jeux dans une dynamique de divertissement, d’amusement. Chez moi, on vient consommer de la machine à sous, de la roulette… Mais nous n’avons pas que de vastes espaces de jeux. Aujourd’hui, les casinos sont d’abord des espaces de loisir complets et intégrés : spectacles, animations variées, concerts, galas, humour, grands dîners. Le casino doit s’ouvrir sur le monde du divertissement avec un grand D. C’est justement le cas de Royat. Je veux des établissements vivants qui plaisent aux jeunes."
Quel est le profil sociologique du joueur?
"On n’a pas de profil sociologique défini, comme les supermarchés, en fait. Tout le monde va faire ses courses. Sauf que chez nous, si on est mineur ou interdit de jeux, on ne rentre pas."
Le panier moyen?
"Environ 20 euros. On n’est pas dans les casinos de James Bond."
« Mon métier, est un métier en “dur”, avec de vrais clients qui boivent, qui mangent, qui jouent. »
Les casinos sont souvent pointés du doigt lorsque l’on évoque les conduites addictives? liées aux jeux d’argent?
"Je ne supporte plus et n’accepte pas ce type de procès. C’est devenu un chiffon rouge que tout le monde agite. Sachez que tout le personnel en contact clientèle dans les espaces du casino est formé au jeu responsable. Sachez encore que les casinos français sont les opérateurs les plus contrôlés. En France, il n’y a que les casinos où vous ne pouvez pas rentrer si vous n’avez pas 18 ans. Ce n’est pas le cas partout. À La Française des Jeux ou au PMU, c’est au petit bonheur la chance. On ne vous demande pas systématiquement votre carte d’identité quand vous jouez. Il n’y a que les casinos qui tracent le client de façon individuelle et interdisent l’accès à certains habitués. Nous n’avons pas de leçon à recevoir."
En France, la loi de 2010 a autorisé certains paris en ligne. Les casinos, eux, restent contraints. Vous êtes pour ou contre le déploiement des offres de casinos en ligne?
"La question n’est pas d’être pour ou contre. Nous ne pourrons pas échapper à la digitalisation comme beaucoup d’industries, je pense à la presse, la musique… La question est de bien appréhender les enjeux. Je ne suis pas sûr que le groupe ait les moyens techniques de lutter avec les Gafa. Les groupes de casinos historiques vont donc devoir continuer à se restructurer, se réinventer pour accueillir les nouveaux clients qui viendront demain des jeux en ligne. Mon métier, est un métier en “dur”, avec de vrais clients qui boivent, qui mangent, qui jouent. Nous, on fabrique du lien social, je n’ai pas vocation à devenir un pure-player. Mais je suis pour une loi. Il faut réglementer pour limiter l’impact des sites clandestins qui se multiplient et qui sont hors de contrôle de l’État."
Le covid a mis vos casinos à l’arrêt pendant plus d’un an, c’est du passé??
"Le covid a paralysé toute notre économie. On s’est retrouvé à zéro. Pas 10, 20, 30 % de chiffre d’affaires, non, zéro?! Mais bon, nous continuons de regarder l’avenir avec le sourire. On fête nos cinquante ans de bal musette, alors vous savez ce n’est pas quelques réclamations qui vont nous arrêter. On a toujours su faire face."
Une pensée pour vos casinos de Vichy et de Royat?
"Oui, bien sûr. Ces deux casinos sont des éléments fondateurs du groupe, raison pour laquelle j’avais très envie de partager ce demi-siècle avec mes équipes."
(source : lamontagne.fr/Franck Char
vais)