Avec ses paysages à couper le souffle, ses trésors architecturaux, ses traditions et son ambiance de luxe et d'opérette, Monaco offre une parenthèse de rêve. cises, la relève de la Garde attire la foule sous un soleiTous les jours, à 11 h 55 prél de plomb.
Un panorama grandiose. Depuis les allées du Jardin Exotique, le regard embrasse toute la Principauté, de Fontvieille, à l'est, à Monte-Carlo et aux plages du Larvotto, à l'ouest, en limite de Roquebrune-Cap-Martin. On domine le Rocher et la vieille ville de Monaco, et le port de la Condamine, où mouillent les plus beaux yachts du monde. Par-dessus tout ça, le ciel d'un bleu profond, qui se noie dans la Méditérrannée.
Monaco est un lieu à part. Chaque quartier du plus petit État souverain de la planète (après le Vatican) palpite à son rythme, affiche ses différences. Fontvieille fait figure de cœur industriel de la principauté, en partie gagné sur la mer. Il a connu un développement fulgurant au cours des trente dernières années. Des industries peu consommatrices d'espace - lequel manque cruellement dans cette enclave azuréenne de 2 km2 !- y ont élu domicile. 36 000 personnes viennent chaque jour travailler à Monaco, et pas seulement dans les banques et dans les hôtels de luxe. La plasturgie est représentée, avec Mécaplast, qui sous-traite pour les grands constructeurs automobiles. Mais aussi l'informatique, la cosmétologie et la pharmacie, avec les laboratoires Biotherm, Lancaster, Asepta, Allergan. De l'insolente santé économique du « Rocher », les touristes se moquent pourtant comme d'une guigne. Ils viennent à Monaco pour bailler devant la jet-set, et pour s'enivrer de rêve et de couleurs.
On les croise à Monte-Carlo, devant le Casino, construit en 1863 par Charles Garnier. Un bâtiment magnifique. En pénétrant dans le vaste hall central dallé de marbre, on découvre sur la gauche les salles de jeu, somptueusement décorées. Certaines sont ouvertes à la visite : salon de style Renaissance, grand salon de l'Europe, salon des Amériques, salon des Grâces. La salle de l'Opéra est ornée de rouge et d'or, de bas-reliefs et de sculptures. Depuis la terrasse, la vue s'étend jusqu'à la pointe de Bordighera. Les happy-few, qui parquent leurs limousines devant l'Hôtel de Paris, embrassent toute la côte d'un seul regard depuis les suites dorées du palace du XIXe siècle. Au rez-de-chaussée, la brigade d'Alain Ducasse s'active dans les cuisines du « Louis XV », l'un des « trois macarons » les plus luxueux du monde.
Ici, on ne compte pas les Ferrari, les Porsche et les Jag, et apercevoir une Rolls-Royce n'a rien d'exceptionnel. L'argent coule à flot du coffre-fort de l'Europe, devant les visiteurs en short mitraillant à coups de Nikon les carrosseries rutilantes. Face aux jardins luxuriants où l'herbe est plus verte que chez nous, coupés de pièces d'eau agrémentées de papyrus et de nénuphars, les artères commerçantes alignent leurs boutiques de luxe où il serait inconvenant d'afficher les prix, à côté des banques aux colonnes ioniques et au sol dallé de marbre. Sur les banquettes lie de vin du Rampoldi, le resto branché de la jet-set, les vraies stars et les semi-mondains se régalent d'une cuisine passe-partout à tarif himalayen. La tomate mozzarella est à 21 euros, le melon au jambon de Parme à 27 euros. Bon appétit.
Changement de décor sur le « Rocher ». L'ambiance méditerranéenne s'impose dans le vieux village aux rues étroites, aux placettes rafraîchies par l'ombre des oliviers, où les petits restaurants provençaux servent en terrasse. C'est là qu'il faut aller pour goûter le barbaguian, petit friand farci de riz et de courge, la socca - crêpe de farine de pois chiche - et le stocafi, plat monégasque à base de morue séchée mijotée dans une sauce-tomate garnie de petits légumes de Provence et d'olives noires. Les maisons ocre aux volets vert tendre et aux balcons de fer forgé, parfois reliées par des voûtes, sont décorées de frises et de faïences murales. Dans l'air flottent les parfums mêlés de pin, d'oranger et de figuier du jardin Saint-Martin suspendu au-dessus des flots. Mais on n'est pas à Naples. Le linge ne sèche pas aux fenêtres.
A deux pas, au débouché de la rue Comte-Félix Gastaldo ou de la rue Emile-de-Loth, s'élève le Palais princier. Murs immaculés dominés par une tour crénelée, et carabiniers en uniforme blanc.
Tous les jours, à 11 h 55 précises, la relève de la garde attire la foule sous un soleil de plomb. Claquement de talons, fusils dont la crosse tinte sur le pavé, roulements de tambour. Un cérémonial immuable, qui fait la joie des touristes sur la vaste place protégée par les canons offerts par Louis XIV à l'ancêtre des Grimaldi.
Deux jours ne vous suffiront pas pour tout voir, pour tout ressentir de cet État de poche où la vie semble couler entre parenthèses. Ne manquez pas la visite du Musée Océanographique, de la Cathédrale de style roman-byzantin, du Jardin Exotique, du Palais Princier, du Musée Napoléonien et du Casino de Monte-Carlo. Mais si vous aimez l'art, offrez-vous un détour par le très moderne Grimaldi Forum de Monte-Carlo, qui accueille jusqu'à la mi-septembre une exposition de 500 chefs-d'œuvre du Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. Et remontez par les jardins du Casino. Vous y découvrirez, nichées dans la verdure, des sculptures de Botéro, de Maillol et de Niki de Saint-Phalle.
(source : lejsl.com/J-Ph. Chapelon)