Les casinos n'échappent pas aux difficultés de recrutement. Aucun poste n'est épargné. Pas même celui de croupier. Aux Sables-d'Olonne, un casino a décidé de les former lui-même.
Jean-Michel Launay, directeur du Casino des Pins (groupe Joa), aux Sables-d’Olonne, fait les comptes. Sur un effectif de 95 employés, il lui en manque une dizaine, tous postes confondus. 10 % du personnel.
Il est vrai qu’un établissement tel que le casino cumule les handicaps en matière de recrutement. Il a besoin de gens aux cuisines, au service, à l’entretien. Mais aussi dans les salles de jeux !
« Du travail de nuit, les week-ends, et les jours fériés. En gros, tu travailles
quand les autres s’amusent »
Jean-Michel Launay évolue entre les murs du casino sablais depuis 2002. Et c’est la première fois qu’il voit l’établissement subir des problèmes de recrutement aussi aigus. Le covid est passé par là. « Avant cette crise, nous avions très peu de turn-overs, donc on était relativement préservé », reconnait le directeur. Mais la crise sanitaire a incité certains salariés à lancer d’autres projets de vie. Et pas nécessairement pour des considérations liées à la vie privée d’ailleurs.
Seulement voilà. Ces départs peinent à être remplacés. Tant et si bien que l’établissement a dû faire des compromis. La restauration ? « On garantit au moins un week-end de repos par mois, on aménage des horaires sans coupure. » Pas toujours suffisant pour faire la différence dans le grand mercato de la restauration à quelques semaines de la saison.
Et ce, alors que tous les indicateurs sont au vert pour une bonne saison. Autre activité stratégique où l’on peine à recruter : les croupiers.
Formation maison
« Les voies classiques ne donnent rien pour trouver un croupier », se désespère le chef d’établissement. « L’école de croupiers ne forme pas assez au regard des besoins. »
Peu de candidats poussent les portes des casinos pour brasser cartes et jetons. « Pourtant, le groupe Joa fait des efforts. 1 700 euros bruts de salaire minimum pour les premiers niveaux, plus une majoration de nuit et une participation aux bénéfices. Et même là, on n’est pas attirant. «
La profession de croupier serait elle trop méconnue ? Possible. « Travailler dans un monde d’argent ne donne pas forcément la cote. » A priori. Car, quoi qu’on en dise, l’univers du casino, avec ses rites et ses mystères, fascine toujours. Et lorsqu’un candidat commence à battre les cartes, il se peut qu’une lueur commence à briller dans ses yeux. Ces rares candidats, « on ne les contacte pas via la presse spécialisée ou les petites annonces. Mais par nos réseaux personnels. » Une connaissance en recherche d’emploi, un candidat à un autre poste dans l’établissement peut se voir proposer de devenir croupier.
« Et là, on propose une formation à partir de zéro », avance Jean-Michel Launay pour qui cet effort permet de prendre le taureau par les cornes. Quatre élèves croupiers bénéficient également de cette formation maison. « Idéalement, il en faudrait encore deux ou trois. » La formation est dispensée par des croupiers aguerris du Casino des Pins. À charge pour eux d’enseigner les règles des différents jeux et les bases de la manipulation du matériel.
Au bout de deux semaines, on peut lâcher les nouveaux sur les jeux les plus simples. La formation est progressive. Il s’agit de mettre le nouveau croupier en confiance avant qu’il ne s’attaque à des jeux plus complexes.
« On se base sur le savoir-être »
Le Casino des Pins travaille sur le postulat de plus en plus répandu chez les recruteurs que « tout s’apprend. Le tout est d’avoir le savoir-être. Si le candidat est avenant, parle bien, est à l’aise avec les gens et sait compter, il peut apprendre le métier », assure Jean-Michel Launay.
En plus de ces qualités morales, le nouveau croupier devra aussi satisfaire les exigences légales : avoir un casier judiciaire vierge, être inscrit sur les listes électorales et faire l’objet d’une enquête de moralité.
Les formations sont dispensées au sein de l’établissement. Vendredi 13 mai, les croupiers aguerris s’exerçaient à l’Ultimate Texas Hold’em Poker, une énième variante du poker. L’occasion idéale pour les débutants de s’imprégner de ce jeu. Et d’ajouter cette corde à leur arc.
Ce qui sera loin d’être inutile dans un établissement qui cumule entre 350 000 et 400 000 entrées par an.
(source : actu.fr)