Face à une offre étrangère illégale, les établissements de jeux, bousculés par la pandémie, demandent la légalisation des casinos en ligne pour se développer.
Au casino de Forges-les-Eaux en normandie, où d’imposantes machines à sous lumineuses ont depuis longtemps remplacé les bandits manchots qui crachaient des pièces, Partouche, deuxième casinotier français, investit dans son métier traditionnel tout en espérant, comme ses concurrents, la légalisation des casinos en ligne.
Comme tout le secteur, il a dû fermer ses portes « quatre-vingts jours pendant le premier confinement puis deux cents jours entre l’hiver dernier et le printemps, et a repris une activité très contrainte par le pass sanitaire », indique Fabrice Paire, président du directoire. « Aujourd’hui, les casinos français subissent une baisse de fréquentation de 30 à 35 %, qui se retrouve moins dans l’activité, puisqu’on est aux alentours de – 15 à – 20 %. Car l’essentiel des clients qui ne reviennent pas sont des clients occasionnels, à petit budget de jeu », précise Ari Sebag, PDG du domaine de Forges.
« Extension électronique de l’offre »
Le site de Forges-les-Eeaux tourne en partie au ralenti : si les machines à sous du casino ont retrouvé leurs habitués, en semaine l’hôtel ne reçoit plus ni séminaires ni évènements d’entreprises, seule la brasserie accueille des convives et aucun évènement n’est programmé avant un dîner-spectacle le 29 janvier.
En application des protocoles sanitaires, les tables de jeu (poker, roulette, etc.) ont été espacées et des machines à sous ont été retirées.
Aujourd’hui, Partouche, comme ses concurrents regroupés au sein du syndicat patronal Casinos de France, rêve de pouvoir proposer une offre de « jeux à distance », qui serait « une extension électronique de l’offre de chaque casino », explique Philippe Bon, délégué général.
Chaque établissement proposerait un nombre de tables de jeu et de machines à sous virtuelles égal à celui qu’il offre en physique. Cela permettrait au secteur de « se moderniser et de reconquérir une clientèle qui, pendant les confinements où les casinos étaient fermés, s’est tournée vers une offre illégale », dit-il. Mais cette proposition devrait faire l’objet d’une expérimentation et d’une modification de la loi.
Car les casinos en ligne sont interdits en France et pourtant, ils sont à portée de clics sur des sites, en général dotés d’une licence de jeu dans un paradis fiscal et souvent d’une filiale basée dans un pays européen complaisant pour le paiement. Wild Sultan, Lucky8, Casino Joka, WinOui, Tortuga, Magicazz, VegasPlus… Ces sites ont largement profité du confinement avec des joueurs français qui peuvent y ouvrir un compte sans difficulté. Et jouer aux jeux de hasard (à la différence des paris en ligne autorisés et contrôlés en France) sur Internet ! Sans même parler des sites illégaux : quand ils sont fermés par les autorités, il s’en recrée aussi vite, le marché étant juteux.
Pour l’Autorité nationale des jeux, qui régule le secteur, les sites de casino en ligne « représentent des risques importants d’addiction », ne proposent pas de « mesures de protection des joueurs et de leurs données personnelles », et il n’existe « aucun recours en cas de non-paiement des gains ». Mais l’AnJ « n’arrive pas à juguler les offres en ligne illégales qui pullulent », estiment les professionnels des établissements qui demandent
Et c’est pour ça que les groupes français demandent à pouvoir créer des sites de jeux en ligne : à la fois pour développer leur activité et pour lutter contre une concurrence déloyale.
(source : la
nouvellerepublique.fr/AFP)