Depuis le 28 octobre 2020, de nombreux lieux de sortie sont fermés. C’est le cas du casino de Pougues-les-Eaux. Sa directrice, Béatrice Loret, nous explique comment elle vit cette période. Premier volet d'une série sur ces patrons d'établissement qui n'ont "pas vu le jour" depuis cinq mois. Et qui ne connaissent toujours pas la date de leur réouverture.
Iron Man et Goliath ont échoué. Ni le gentil super héros de Marvel, ni le terrifiant géant de l’ancien Testament, n’ont résisté au destructeur Sars-CoV-2, ce coronavirus diabolique, vicieux et mutant…
Et pourtant, en ce petit matin frais de printemps, les machines à sous Iron Man et Goliath font bravement jaillir leurs mille couleurs. À leurs côtés, comme de fiers petits soldats, se tiennent dressés White Orchid, Wolf Run, Mistress of Egypt ou encore Star Goddess. Tous feux allumés.
« Même si nous sommes fermés depuis le 28 octobre, il faut allumer les machines. Elles doivent tourner. Être prêtes pour le jour J. Et puis, quand je viens au casino, j’aime allumer les salles… » Béatrice Loret est la directrice générale responsable du casino de Pougues-les-Eaux.
Un établissement du groupe Tranchant. « Heureusement que nous appartenons à un groupe solide », lance-t-elle, assise au milieu du restaurant L’Ycaste, lui aussi terrassé par le Covid-19. Évacuant ainsi les inquiétudes financières que pourrait connaître cet établissement qui n’a pas reçu un seul client depuis cinq mois.
Une inquiétude en moins… « Mais certains collaborateurs ou collaboratrices vont mal. Je dis bien à mes cadres de faire attention à tout le monde. » Une attention à porter aux 85 salariés que compte le casino... Même si, évidemment, tous les salariés ne ressentent pas le manque de la même manière. « Certains ont même trouvé un autre boulot, un CDD, en attendant. Ça leur fait du bien de travailler, de se sentir utile. »
Pour les salariés qui se morfondent et s’inquiètent, Béatrice Loret tient à ce que le casino reste… actif. Sur les réseaux sociaux, par exemple. Histoire de garder le lien. En attendant le feu vert du gouvernement.
Quand on travaille ici, c'est qu'on aime recevoir le public.
« Quand on travaille ici, c'est qu'on aime recevoir le public. On aime le contact, sinon il faut changer de métier tout de suite?! On aime cette ambiance. La journée, comme la nuit », détaille la directrice.
Mais, elle, comment va-t-elle ? « Ça dépend des jours… Mais, je me suis obligée à une routine. Je me lève et je viens tous les matins. Comme si j’allais au travail pour de vrai. »
Sur place, elle retrouve les gardiens. Ou encore quelques salariés qui passent, causer un peu. Travailler aussi, comme le directeur des machines à sous qui vient vérifier qu’elles sont toutes bien opérationnelles.
Ce matin, c’est Julien qui foule les moquettes flamboyantes et arpente les couloirs.
En toute situation, tenter de voir le positif : « Par exemple, moi, je fais un peu plus de sport… Et puis, je découvre les petits week-ends. En temps normal, je suis au casino tous les samedis soir. »
Le samedi soir et son atmosphère si particulière. Les bruits, les lumières. Toute cette électricité dans l’air, cette énergie.
Pour respecter le protocole sanitaire de l’époque, nous avons dû repenser les espaces. Changer l’accueil, déplacer le bar, ôter des tables au restaurant. Fermer la géode.
« C’est insensé… Nous devions fêter nos 15 ans. Alors que nous avons été fermés pour le 31 décembre. Un 31 décembre sans fête, ici, au casino », souffle-t-elle. Une situation qu’elle n’avait jamais envisagée, jamais imaginée.
Déjà, le coup avait été difficile, après le premier confinement. Il y a un an. « Pour respecter le protocole sanitaire de l’époque, nous avons dû repenser les espaces. Changer l’accueil, déplacer le bar, ôter des tables au restaurant. Et surtout, fermer la géode. » La matrice du casino, Planétarium, est devenue quasiment invisible, dans le hall d’entrée transformé en une annexe de la salle des machines.
Quand le casino retrouvera son « aire » de fête ? « Je ne sais pas », avoue-t-elle. « Mais il y aura sans doute plusieurs phases de reprise. » Dès qu’Iron Man aura remporté le combat. Cette fois, avec l’aide de nouveaux « héros », Pfizer et AstraZeneca.
(source : lejdc.fr/Laure Brunet)