Le numéro un français des casinos accuse une baisse d'environ 28 % de son produit brut des jeux au terme de l'exercice 2019-2020, à 518 millions d'euros. Barrière est notamment affecté par la chute d'activité (-39 %) de son établissement d'Enghien-les-Bains, le plus gros de France.
Barrière, le numéro un français des casinos, souffre tout particulièrement de la crise sanitaire. Avec son double positionnement d'opérateur de jeux d'argent et d'hôtelier haut de gamme, installé dans de belles destinations touristiques - Deauville, La Baule, Cannes, Enghien-les-Bains… -, le groupe familial subit à la fois l'impact des deux confinements, les fermetures administratives décrétées à l'automne pour de grandes agglomérations - Lille, Toulouse, Aix-Marseille, Paris -, et la chute du tourisme international.
« Le groupe n'a jamais connu une situation aussi difficile. Notre métier, ce n'est pas que le jeu. C'est le tourisme, la restauration, l'animation. Le poids de l'hôtellerie est sans commune mesure avec les autres groupes de casinos, rappelle le directeur général de sa branche casinos, Eric Cavillon. Barrière, c'est 10.000 contrats d'intérimaires du spectacle. » S'agissant des casinos, le « métier phare », 2020 se caractérise par « plus de 150 jours de fermeture », souligne le dirigeant, qui ne peut que constater de lourdes pertes de recettes.
Une locomotive en panne
L'exercice 2019-2020, clos le 31 octobre, se caractérise ainsi pour les établissements français - le groupe exploite aussi des casinos en Suisse, à abidjan et au Caire -, par un recul d'environ 28 % de leur produit brut des jeux (PBJ) global, soit le chiffre d'affaires de l'opérateur puisque constaté après les gains des joueurs, à 518 millions d'euros. Ce qui correspond à une perte de revenus de 200 millions. Fin février, sur les quatre premiers mois de l'année, « nous étions en croissance de 5 % », rappelle le directeur général de la branche casinos de Barrière.
Le numéro un français des casinos est d'abord affecté par la panne de l'établissement d'Enghien-les-Bains, premier casino de France par son volume d'affaires. Le PBJ de l'établissement situé au nord de Paris a baissé de 39 %, à 98 millions. L'établissement contribue bon an mal an à 20 % l'excédent brut d'exploitation, avec un résultat opérationnel de 25 à 30 millions d'euros bon an mal an. Ceci étant, poursuit Eric Cavillon, seulement trois des 27 casinos tricolores de la galaxie Barrière ont résisté à la bourrasque : ceux de Blotzheim (68), Cap d'Agde (34), et Trouville (14).
Restructuration
Ce repli quasi général, qui se conjugue aux difficultés de l'hôtellerie-restauration de Barrière illustré par la fermeture depuis la mi-mars du Fouquet's Barrière, a conduit le groupe à annoncer une restructuration sur l'ensemble du groupe .
Selon Force Ouvrière, une soixantaine de postes seraient déjà concernés, ce chiffre devant être « singulièrement revu à la hausse » avec des « annonces de PSE » aux casinos d'Enghien-les-Bains et de Deauville. « Nous nous devons de repenser notre organisation. La décision a été prise en conscience », commente le directeur général de la branche casinos de Barrière. Eric Cavillon, qui ne confirme pas les déclarations de FO, souligne que le processus d'information du personnel est en cours.
Barrière mise sur le jeu en ligne
Procès d'intention mais, pour le syndicat, au-delà de l'adaptation à la crise, dont les effets se feront encore sentir en 2021, cette réorganisation est porteuse d'un changement de modèle. FO parle de « la mise à mort programmée » des jeux de table, lesquels nécessitent du personnel, « au profit de jeux automatiques et/ou électroniques ». Une analyse que partage la CFDT.
« C'est un procès d'intention, réagit Eric Cavillon. Nous n'avons pas la volonté d'automatiser nos établissements. Il n'est pas question de sacrifier ces beaux métiers relatifs aux jeux de table. Pourquoi aurions-nous investi dans un club de jeu parisien qui représente 200 emplois si nous n'y croyons pas. Barrière est de loin le numéro un des jeux de table avec une part de marché de 50 %. » A contrario, il ne cache pas que l'offre de certains petits casinos doit être adaptée, « faute de marché pour les jeux de table ».
(source : lesechos.fr/Christophe Palierse)