Le couple fréquentait presque tous les jours l’établissement du Val-d’Oise. Il pratiquait des taux à 10 %. L’argent récupéré transitait par les comptes familiaux.
C'est une pratique discrète et courante dans le milieu du jeu. Pourtant, elle est parfaitement illégale : des joueurs qui prêtent de l'argent, à un taux parfois très élevé, à d'autres joueurs.
Cette Laotienne de 55 ans, qui réside à Lognes, vient de le comprendre de manière douloureuse : le tribunal correctionnel de Meaux l'a condamnée, mardi soir, à un an de prison ferme et à une amende de 3 000 euros, ainsi qu'à une interdiction de paraître dans les casinos pendant trois ans, pour exercice illégal de la profession de banquier et blanchiment d'argent.
Son mari, un Vietnamien de 61 ans, a écopé d'un an de prison avec sursis et 2 000 euros d'amende, avec la même interdiction, pour les mêmes infractions.
Des mouvements d'argent détectés sur leurs comptes
Durant l'audience — très tendue entre le président et les avocats de la défense, qui avaient réclamé le renvoi de l'affaire —, le couple a donné peu d'explications. Notamment parce qu'ils maîtrisent mal le français et qu'ils ne disposaient pas d'un interprète pour les aider.
« Je joue beaucoup, je perds beaucoup, je joue tout le temps », a expliqué la prévenue. Quant à son mari, dépendant au jeu, il a évoqué « des dettes » et l'interdiction de casino dont il a déjà fait l'objet pendant plusieurs années : « Toute ma vie, j'ai perdu de l'argent au casino. »
Ils avaient été interpellés par la section économique et financière de la police judiciaire de Meaux, fin novembre 2019, à la suite d'un signalement de Tracfin, le service de lutte contre les circuits financiers clandestins rattaché au ministère de l'Économie et des Finances.
Et pour cause : d'importants mouvements d'argent suspects avaient été décelés sur les comptes bancaires du couple et de leurs enfants, âgés de 33 et 34 ans. Ces derniers ont également été condamnés à des peines de prison avec sursis, pour blanchiment.
La prévenue explique avoir agi par « bonté d'âme »
Les enquêteurs se sont appuyés sur des surveillances physiques mais aussi sur des images de vidéosurveillance. Depuis plusieurs années, le couple se rendait au casino d'enghien (Val-d'Oise) quasiment tous les jours.
(source : leparisien.fr/Guénaèle Calant)