Le produit brut des jeux des casinos français a crû de 4,88 % au cours de leur exercice 2018-2019, à 2,4 milliards d'euros. Cette cinquième augmentation annuelle consécutive est aussi la plus élevée depuis dix-sept ans. Le secteur s'est relancé après avoir plongé à la fin des années 2000.
En difficulté à la fin des années 2000 et au début de la décennie, le secteur des casinos confirme son rétablissement et voit sa croissance s'accélérer. Une accélération qui témoigne de la profonde transformation orchestrée ces dernières années.
Le bilan d'activité pour 2018-2019 (exercice à fin octobre) fait état d'un produit brut des jeux (PBJ) - le montant des revenus déduit de la différence entre les mises et les gains des joueurs - pour l'ensemble des casinos de 2,42 milliards d'euros, soit son plus haut niveau depuis onze ans et une augmentation de 4,88 %. Une cinquième augmentation annuelle consécutive mais aussi la progression la plus élevée depuis 2001-2002 !
Dynamisme généralisé
La croissance du secteur est d'autant plus spectaculaire que le nombre de casinos est quasi stable depuis 2015. Avec 202 établissements, le parc a gagné une unité l'an passé et reste identique à celui d'il y a quatre ans. La croissance est aussi relativement générale dans la mesure où 150 casinos ont vu leur PBJ augmenter, contre 101 l'année précédente.
Cette situation est d'autant plus saine qu'elle traduit en premier lieu une augmentation de la fréquentation avec total d'entrées approchant 33,5 millions, en hausse de 2,44 %. De plus, et c'est un autre élément crucial, l'activité se diversifie et le poids des machines à sous tend à se réduire : les bandits-manchots ont certes généré un peu moins de 84 % du PBJ total en 2018-2019, mais cette part s'est contractée. Elle est même en deçà de la moyenne nationale chez les deux plus gros acteurs, Barrière, lequel compte six casinos dans le « Top 10 » - trustant notamment les quatre premières places (Enghien-les-Bains, Blotzheim, Toulouse, Bordeaux), et Groupe Partouche.
Succès des jeux électroniques
Cette dilution de la part des machines à sous s'explique largement par le succès des jeux électroniques - roulette anglaise, blackjack, poker -, qui génèrent désormais près de 9 % des revenus des casinotiers, dépassant clairement les jeux de table traditionnels (près de 7 % du PBJ).
L'introduction, à la fin des années 2000, de formes électroniques de jeux traditionnels est l'un des facteurs du rétablissement du secteur. Celles-ci ont élargi et rajeuni la clientèle en rendant l'accès au jeu plus facile. Par ailleurs, les opérateurs se sont remis en cause en repensant l'expérience-client, les services autour du jeu - restauration -, leur marketing, et en investissant.
Impératif
Ce coup de frais a également porté sur les machines à sous dont les dernières générations empruntent à l'univers des jeux vidéo , une autre manière de rajeunir le public. De son côté, Joa, le numéro trois français , a également innové en matière de design de ses nouveaux établissements, tout en participant à la consolidation du secteur.
Alors que leur modèle a été revisité, les casinotiers sont aussi en quête de nouveaux relais de croissance. Ainsi, la plupart des principaux opérateurs ont jeté leur dévolu sur le nouveau marché des clubs de jeux parisiens , Joa ayant ouvert le sien le 15 janvier. Le e-sport suscite par ailleurs de l'intérêt, chez Barrière notamment. Si le temps est au beau fixe, que la crise des « gilets jaunes » a été traversée sans encombre, la profession suit de près les mouvements d'une Française des Jeux désormais privatisée.
Les événements qui ont perturbé le marché dans la deuxième moitié des années 2000 sont à ranger au rayon des mauvais souvenirs : contrôle de l'identité à l'entrée des établissements (2006) ; interdiction de fumer (2008) ; crise économique ; alourdissement de la fiscalité.
(source : lesechos.fr/Christophe Palierse)