Un an après la mise en oeuvre de la loi portant sur leur création, un seul club de jeux est exploité dans Paris. D'autres devraient toutefois ouvrir leurs portes en 2019.
Un an après la , le nouveau paysage des jeux d'argent de la capitale reste clairsemé. Un seul de ces clubs est à ce jour exploité, le Paris Elysées Club de Groupe Tranchant, ouvert depuis la fin avril . Ils sont censés remplacer les cercles de jeux, dissous, par des structures à l'encadrement juridique et fiscal renforcé.
Certes, trois autres opérateurs ont obtenu l'agrément du ministère de l'Intérieur, mais leurs projets respectifs restent à finaliser. Il s'agit de Barrière, le numéro un français des casinos, de Raineau, un petit groupe indépendant, et de l'opérateur belge Ardent. Avec à la clef, une centaine d'emplois pour chacun d'eux et plusieurs millions d'euros d'investissement. Les candidats doivent prendre leur risque compte tenu de la longueur - « la lenteur » disent certains - des procédures administratives.
Forte part de clients étrangers
Dans l'attente de ces nouveaux entrants au cours du premier semestre 2019, Tranchant se dit « satisfait » des huit premiers mois d'exploitation de son club situé rue Marbeuf, dans le huitième arrondissement. « Les résultats sont conformes à nos prévisions. La rentabilité est là en termes d'exploitation », indique le codirecteur général du groupe éponyme et dirigeant du Paris Elysées Club, Sébastien Tranchant.
Au passage, ce dernier reconnaît qu'il « s'attendait à plus de joueurs français ». La part des clients étrangers s'avère en effet de l'ordre de 70 %, ce qui souligne un peu plus la dimension touristique des clubs. Mais le patron du Paris Elysées Club a hâte de voir arriver la concurrence. « Nous sommes impatients que d'autres ouvrent leur cercle afin de voir quel est réellement le marché », souligne-t-il. Car l'exploitation des clubs à compter du 1er janvier 2018 se fait à titre expérimental pour une durée de trois ans.
Clientèle avertie
Sébastien Tranchant souligne que l'offre des clubs « s'adresse plus à une clientèle avertie ». De fait, elle a été délibérément limitée par les pouvoirs publics à deux grands types de jeux de cercle : le poker et ses variantes ; et des jeux dits « de contrepartie » - les joueurs perdent quand l'exploitant gagne - comme le punto banco (une variante du baccara) ou le poker 21 (une variante du black jack).
Les professionnels des casinos ont d'ailleurs d'emblée déploré l'absence de machines à sous. A l'exception de Barrière qui peut s'en féliciter, comme exploitant du casino d'Enghien-les-Bains au nord de Paris (95), le premier de France en chiffre d'affaires et le plus proche de la capitale. La non-autorisation de la roulette et du black-jack a été également jugée dommageable.
Casse-tête chinois
Le prochain club qui devrait ouvrir à Paris, sera précisément celui de Barrière. C'est prévu au printemps prochain avec de nombreux atouts dans sa manche : il sera aménagé dans un ancien et célèbre cercle, l'Aviation Club de France, situé en haut des Champs Elysées, et juste en face de la célèbre brasserie Fouquet's et de son hôtel, propriétés du groupe Barrière. Le spécialiste des stations touristiques chic a, par ailleurs, fait appel à l'architecte d'intérieur Bruno Borrione, très actif dans l'hôtellerie-restauration et le monde des jeux, en France et à l'étranger.
De son côté, le Belge Ardent, qui a l'autorisation de l'administration depuis juin, espère ouvrir à la fin du premier semestre 2019, dans l'Ouest parisien également, sur le boulevard Murat. Le projet demeure néanmoins encore suspendu à un feu vert de la mairie du 16e arrondissement.
Pour Raineau, l'affaire semble autrement plus compliquée. Parmi l'un des tout premiers sur la ligne de départ au début de l'année, en vue d'ouvrir un club dans le 13e arrondissement et le « quartier chinois » parisien, il se trouve confronté à l'hostilité des riverains et du maire d'arrondissement. Compte tenu des nuisances que son club pourrait susciter, Raineau va devoir reformuler en janvier une nouvelle demande de permis d'aménagement du lieu, une ancienne salle de sport située dans une galerie commerciale.
Au-delà de ces projets, d'autres se précisent ou s'esquissent. Ainsi, Joa, le troisième groupe français de casino, a déposé son dossier auprès de la commission supérieure des jeux en vue d'exploiter un club dans un bâtiment situé rue Royale, entre les places de la Madeleine et de la Concorde. Son président, Laurent Lassiaz, table sur une ouverture « au plus tôt en juin, au plus tard en septembre » 2019. Par ailleurs, l'ex-cercle Clichy-Montmartre pourrait renaître sous forme de club. De son coté, Groupe Partouche n'a pas renoncé à son projet mais le président du directoire, Fabrice Paire, ne cache pas que « c'est compliqué ».
(source : lesechos.fr/Christophe Palierse)