L’ouverture d’un club de jeu dans la capitale suscite la réprobation des riverains et des élus. La pétition lancée contre ce projet a déjà recueilli 5000 signatures.
Le projet d’installation d’un club de jeu dans le centre commercial Masséna 13, en plein cœur du quartier chinois du XIIIe provoque un véritable tollé. Inquiets, riverains et commerçants tentent de se mobiliser pour s’opposer à l’installation de cet établissement dont l’ouverture est prévue en décembre prochain. La pétition lancée il y a une dizaine de jours par les habitants, associations locales, clubs sportifs et parents d’élèves a déjà recueilli 5000 signatures.
« Nous avons découvert l’information dans un site spécialisé dans le poker. La révélation de ce projet a provoqué un énorme choc dans la population », raconte un riverain furieux d’avoir été « mis au pied du mur ». « Nous sommes déjà confrontés à de nombreux problèmes, en particulier à la prostitution, du racket et des agressions. Cette salle de jeu risque de tirer notre quartier un peu plus vers le bas », déplore un riverain.
Les cercles de jeux parisiens marqués par des scandales à répétition ont tous fermé et sont remplacés depuis le mois de janvier 2018 à titre expérimental par des clubs de jeux bénéficiant pour une durée de trois ans. Après l’ouverture du Paris Elysée Club dans la rue Marbeuf (VIIIe) par le groupe Tranchant et le feu vert donné au groupe Barrière pour s’installer sur les Champs-Elysées, le groupe Raineau a obtenu l’autorisation d’implanter l’Impérial Club dans un espace de 900 mètres carrés situé dans la galerie Massena.
Les élus condamnent aussi ce projet. « Ni la Ville de Paris ni moi-même n’avons été informés de ce projet. C’est scandaleux ! », fulmine le maire du XIIIe, Jérôme Coumet. Plus que la méthode, ce qui fait surtout enrager l’élu, c’est la localisation : « Il y a suffisamment de dérives auxquelles la police a les plus grandes difficultés à face dans ce quartier. Le futur club est implanté juste à côté d’une salle de jeu sauvage que nous combattons depuis des mois. Nous avons alerté le ministère de l’Intérieur à plusieurs reprises de l’existence de ce club à ciel ouvert. La seule réponse que nous avons obtenue, c’est cette autorisation accordée au groupe Raineau. C’est quand même fort de café », s’emporte le maire du XIIIe.
Le député (LREM) du XIIIe, Buon Tan, est tout aussi hostile au projet. « Les habitants et commerçants craignent que ce club de jeux provoque des nuisances, attire un mauvais public et entache l’image du XIIIe », avance le député qui doit rencontrer la direction du groupe Raineau ce mardi et le préfet de police trois jours plus tard.
La bataille semble perdue d’avance... A moins que les cartes ne soient rebattues d’ici trois ans.
L’EXPLOITANT DE MISE SUR LA COMMUNAUTÉ ASIATIQUE
L’exploitant de casino, Olivier Reneau ne le cache pas. Tandis que ses concurrents – les groupes Tronchant et Barrière - ont misé sur les Champs-Elysées, il a parié sur le quartier chinois du XIIIe, et le goût - souvent immodéré- de la communauté Asiatique pour les jeux d’argent. Le nom et le logo du club sont sans ambiguïté
Pour s’implanter dans le Chinatown historique de la capitale, l’exploitant des casinos de Cavalaire-sur-Mer, Noirétable et Beaulieu-sur-Mer et d’autres établissements dans le monde n’a pas lésiné sur les moyens. Après avoir subi un premier avis défavorable, il a fini par acquérir les murs du futur établissement et obtenu du coup le feu vert du ministère de l’Intérieur. Selon Jean-François Panin, directeur général du futur club », 4 M€ ont été investis dans l’achat et la restructuration des locaux » qui accueilleront une vingtaine de tables. Le cercle emploiera près de 160 personnes en cours de recrutement. Mais pour l’exploitant, le jeu en vaut la chandelle. Car le groupe table sur « une fréquentation de 130 000 clients par an ».
Quant aux craintes des habitants, le directeur général les balaie d’un revers de manche. « Ce n’est pas un casino. Les amateurs de cartes pourront jouer au poker, au punto banca, au corribean, au texas Hold’em ou encore à d’autres jeux. Le personnel sera assermenté et les conditions de sécurité seront garanties », précise Jean-François Panin. Le club sera ouvert de 22 heures à 6 heures, 7 jours sur 7.
(source : leparisien.fr/Christine Henry)