Si les suisses acceptent la nouvelle loi sur les jeux d’argent cet été, les casinos pourront ouvrir leurs propres sites de jeu en ligne. Trois questions sur le sujet à Jérôme Colin, directeur du Casino de Montreux
Le groupe français Barrière compte 34 casinos dans le monde dont trois en suisse, à Fribourg, Courrendlin (JU) et Montreux. Ce dernier, avec un produit brut des jeux de 75 millions de francs (différence entre les mises et les gains versés), est la maison de jeu la plus rentable de suisse. C’est aussi le deuxième établissement le plus rentable du groupe, qui a investi près de 200 000 francs dans la campagne sur les jeux d’argent.
Le Temps: Il est reproché à la loi sur les jeux d’argent de favoriser démesurément les casinos. Qu’y répondez-vous?
Jérôme Colin: L’augmentation des recettes des établissements de jeu permettra par ricochet de contribuer à l’AVS/AI et tout le monde en bénéficiera. J’insiste également sur la nécessaire protection des joueurs puisque, contrairement aux maisons étrangères, nous opérons avec les règles les plus strictes du monde. Trois psychologues travaillent à demeure au casino et nous interdisons d’entrée en moyenne 1,5 personnes par jour (sur 600?000 visiteurs annuels). La sécurité des gains sur internet serait par ailleurs meilleure: aujourd’hui, si vous gagnez en ligne sur un site basé à l’étranger, il n’est pas certain qu’en cas de bug informatique vous puissiez récupérer votre argent. Si tout est en suisse, ce sera automatiquement plus simple.
Pourquoi ne pas plutôt vendre des concessions aux sociétés étrangères au lieu de bloquer leur site?
Toutes les réflexions méritent d’être analysées. Toutefois l’important est avant tout de protéger les joueurs. Ces groupes-là n’ont jamais mis en œuvre des mesures aussi drastiques que les nôtres. Nous sommes hyper-contrôlés. La Commission fédérale des maisons de jeu procède à des inspections mensuelles – ainsi qu’à l’improviste – et notre communication est très réglementée. Nous ne pouvons par exemple pas inciter au jeu. Cette rigueur sera la même sur internet. En ce qui concerne le blocage des sites étrangers, je ne vois pas pourquoi d’autres Etats prendraient ces décisions si cela représentait une forme de censure. Je reste persuadé qu’il n’y a rien de plus sécurisant pour tout le monde qu’un marché régulé et contrôlé.
Les casinos souffrent-ils de la concurrence en ligne?
C’est difficile à estimer. Internet nous a certainement subtilisé des clients. Toutefois le web permet aussi de faire découvrir le jeu à certaines personnes, qui viennent ensuite fréquenter les casinos. Si la loi entre en vigueur, nous espérons que le 10 juin sera le grand go pour rejoindre ce marché. Nous sommes la référence suisse dans le domaine du jeu d’argent physique et désirons également être numéro un sur le net.
(source : letemps.ch)