Jeudi 26 octobre 2017 : Aix-en-Provence : le Pasino mise 15 M€ sur son lifting
À l'entrée, une immense bâche joue cartes sur table : "Bientôt, votre Pasino sera plus beau." Il faudra tout de même faire preuve de patience. Bientôt, ce ne sera pas avant septembre 2018. En attendant, les clients sont priés de monter à l'étage pour gagner la nouvelle salle de machines à sous, "un petit Las Vegas" aménagée en une nuit dans la salle de spectacles sacrifiée le temps du chantier. Ce qui aura changé dans un an ? "Presque tout", promet Laurent Mizoule, le directeur général du Pasino. Le lifting va coûter au groupe Partouche la modique somme de 15 millions d'euros, "l'équivalent de la construction d'unnouvel établissement". Le prix à payer pour espérer un retour à la croissance. Car si l'établissement aixois, ouvert en 2002, se positionne à la 2e place dans le classement des casinos français et reste le 1er du groupe Partouche (sur un total de 43 établissements) la conjoncture oblige l'exploitant à renforcer son attractivité. "Chaque année, on se dit qu'on atteint un seuil mais ça continue de descendre" avoue le directeur.
Fréquentation en hausse mais chiffre d'affaire en baisse
Paradoxalement, alors que la fréquentation a augmenté en 2016 (750 000 visiteurs contre 500 000 trois ans plus tôt), le chiffre d'affaires global (24,7 M€) a baissé de 0,51 % : les 300 machines à sous ont perdu 1,01 % de recettes (34,9M€) là ou les jeux traditionnels tirent leur épingle du jeu (+9,3 %), dépassant pour la première fois la barre des 10 millions (11, 6M€ exactement), "grâce notamment à la roulette anglaise électronique". Les baisses du chiffre d'affaires ont débuté en 2006 avec l'instauration des contrôles d'identité à l'entrée de la salle des machines à sous puis en 2007 avec l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Après ces deux lois, la crise économique et financière est entrée en piste, modifiant le comportement des joueurs. La dépense moyenne aux machines n'a cessé de dégringoler, ne dépassant pas aujourd'hui les 65 ou 70 euros. "Le joueur met 10 euros et s'il en gagne 20, il en remet 10 dans sa poche et en joue 10, poursuit Laurent Mizoule. Avant, nous n'avions pas ce genre de comportement, tout à fait compréhensible au vu de la situation sociale du pays et du fait que nous ne sommes pas une priorité dans la hiérarchie des dépenses".
Autre dégât collatéral : la restauration, en chute de 5,95% avec 102 000 couverts servis l'an passé. Ça tombe bien, la grande toilette concernera aussi l'offre de restauration, qui sera "entièrement repensée" (elle comptait 5 restaurants dont une brasserie, un japonais, un italien et un oriental). Le chantier de rénovation mobilise une centaine d'ouvriers et douze entreprises de différents corps de métier. Une délicate opération tiroir a pour but de maintenir l'accueil des joueurs pendant toute la durée des travaux : "L'établissement ne fermera pas ses portes une seule journée" avance le directeur. Suivez le guide : les 300 machines à sous ont donc trouvé refuge dans la salle de spectacles (1200 places assises, 1800 à 2000 debout), laquelle, à terme, fera juste l'objet "d'un coup de propre. Elle était déjà de bonne qualité. Seuls le son et les estrades seront modifiés." L'arrivée de l'imposante Arena (jusqu'à 8 500 places en configuration concert) aux portes d'Aix fait-elle grincer des dents ? "Onne boxe pas dans la même catégorie, ça ne nous inquiète pas. nous ne proposons pas les mêmes artistes, ici, c'est un circuit de divertissement."
La salle de jeux traditionnels est maintenue à son emplacement initial, au rez-de-chaussée et ne rejoindra les machines à l'étage qu'au printemps 2018 pour être transformée en salle événementielle (banquets, après-midi bingo et poker). Les tables de jeux bénéficieront d'une nouvelle salle aménagée à l'espace Manhattan, où patientait le public avant les spectacles. "La salle des machines à sous sera plus grande, plus attractive, avec un renouvellement du parc. À partir de septembre 2018, nous voulons faire vivre à nos clients une nouvelle expérience à chaque pas en termes de jeux, d'accueil. La société Moment Factory sera en charge de la dynamique multimédia (nDLR, depuis 2001, le studio, dont le siège social se trouve à Montréal, acréé plus de 400 spectacles à travers le monde pour des clients tels que Madonna, Microsoft et la Sagrada Família). nous nous orientons vers le plus beau casino d'Europe."
97,5 % du produit brut des jeux redonnés en gains
En attendant, dès 10 heures le matin, les clients (50 % viennent de Marseille et ses environs) continuent d'affluer devant le portique pour aller tenter leur chance aux bandits manchots. Certains jouent des petites sommes, comme cet heureux gagnant en 2016 de 715 000 € pour une mise de 2 euros. D'autres dépensent 10 000 € en une journée. L'an dernier, le total des gains, petits ou gros, a représenté près de 27 millions d'euros. "La loi veut que l'on redonne en gains 80 % du produit brut des jeux, conclut le directeur général. nous avons fait le choix de faire grimper ce taux à 97,5 % pour que les clients aient du temps de jeux et s'amusent plus." Ou pas.