Jean-Maurice Agnelet a été mis en examen mercredi pour assassinat, vingt-sept ans après la disparition de sa maîtresse, Agnès Le Roux, l'héritière du Palais de la Méditerranée à Nice, liée à la guerre des casinos à la fin des années 1970, a-t-on appris de source judiciaire.
Laissé en liberté sous contrôle judiciaire, M. Agnelet, à l'époque avocat au barreau de Nice, était l'amant de cette jeune femme de 29 ans qui n'a jamais été retrouvée depuis le 30 octobre 1977, alors qu'ils avaient décidé de partir ensemble pour le week-end de la Toussaint en Italie.
Déjà mis en examen en décembre 2000 pour "homicide volontaire et séquestration", M. Agnelet nie avoir assassiné Agnès Le Roux.
"Il n'y a aucun élément nouveau. Il s'agit de la requalification d'une mise en examen pour des faits qui sont les mêmes depuis vingt-sept ans", a affirmé à l'AFP Me François Saint-Pierre, avocat de M. Agnelet.
"La justice reconnaît la préméditation. C'est un élément nouveau extrêmement important", a déclaré Me Christian Boitel, l'avocat de la mère d'Agnès Le Roux.
Cette requalification intervient dans "la poursuite de l'information" décidée le 18 mars par la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence. "Le juge a suivi la requête du parquet. On se rapproche d'un renvoi devant la cour d'assises", a-t-on indiqué de source judiciaire.
Après le décès de son père, Agnès Le Roux, une femme très en vue de la jet-set de la Côte d'Azur, s'était opposée au maintien de sa mère, ancien mannequin de Balenciaga, à la tête du Palais de la Méditerranée.
Dans le contexte délétère de la guerre des casinos qui sévissait alors, elle avait vendu ses parts à Jean-Dominique Fratoni, le patron du Ruhl, casino concurrent situé lui aussi sur la Promenade des Anglais. Agnelet avait servi d'intermédiaire.
L'enquête sur la disparition s'était focalisée sur Agnelet. Une somme de 365.877 euros, versée par Fratoni, avait été déposée sur un compte joint au nom des deux amants à Genève. L'argent s'était retrouvé sur un autre compte, ouvert au nom d'Agnelet, avec une procuration à Françoise Lausseure, une de ses maîtresses, puis sur un compte dont il était l'unique titulaire.
Agnelet a été condamné en 1985 à deux ans d'emprisonnement pour abus de confiance et radié du barreau de Nice. Toutefois, il avait bénéficié dans un premier temps d'un non-lieu sur sa responsabilité dans la disparition d'Agnès Le Roux.
Quinze ans plus tard, l'affaire avait rebondi: Françoise Lausseure qui avait fourni un alibi à Agnelet en disant qu'ils étaient ensemble en suisse au moment de la disparition d'Agnès Le Roux, s'est rétractée à deux reprises.
"Il n'était pas avec moi à l'hôtel de la Paix. J'ai fourni ce faux témoignage pour lui rendre service, à sa demande pressante", avait-elle dit.
(source : lexpress.fr)