Une délégation de la PJ rémoise rencontrait les salariés du seul casino de la région pour leur expliquer comment réagir en cas de braquage ?
L’idée est simple : sensibiliser les salariés du casino du Der sur la conduite à tenir en cas de braquage. Quelques conseils sont nécessaires car « travailler dans un tel établissement, ce n’est pas anodin », résume Jean-Philippe Fougereau, le patron du SRPJ (service régional de police judiciaire), venu avec une poignée de collègues – police technique et scientifique, antigang, correspondant des courses et jeux, etc. Face à lui, une trentaine d’employés du casino, jeunes pour la plupart, et qui, selon Philippe Fascella, directeur du casino, « occupent leur premier emploi dans l’univers des jeux ». Morceaux choisis.
1 A vant le braquage
Pour une telle opération, « les lieux seront forcément repérés », assure en préambule un des fonctionnaires de la PJ rémoise. Sous-entendu : observez ceux qui prennent des photos, notez leurs descriptions car « le moindre détail aura pour nous son importance ».
M. Fougereau complète : « Votre propre sécurité commence par votre propre comportement. » Et de traduire : « Pour les malfaiteurs, vous pouvez être une mine de renseignements, ne mettez rien sur les réseaux sociaux qu’ils pourraient exploiter, méfiez-vous de vous-même. » Dans l’assistance, certains, incrédules, semblent prendre conscience des risques intrinsèques à leur métier, tandis que d’autres étouffent un rire nerveux. Petite précision : « Dans 90 % des braquages de casino, les malfaiteurs avaient un informateur en interne. »
2 Pendant le braquage
nous voilà dans le vif du sujet. Difficile d’anticiper son comportement dans une situation extrême. « Surtout, pas d’acte d’héroïsme ! Les héros, il y en a plein les cimetières », rappelle un des policiers. Trop de risques encourus, de réactions imprévisibles des braqueurs... À défaut, mieux vaudra donc se contenter « d’observer les malfaiteurs : la carrure, la corpulence, la couleur des yeux. Comment parlent-ils ? Comment se parlent-ils entre eux ? Que semblent-ils savoir du casino ? Qu’est-ce qu’ils touchent, même s’ils sont gantés ? Faites ça, ce sera toujours mieux que de courir pour appuyer sur un bouton d’alarme. » Pour les plus téméraires, cet argumentaire se mâtine parfois de pédagogie : « Se concentrer sur un des malfaiteurs pourra vous aider à calmer votre angoisse. »
3 Après le braquage
« Que personne n’entre ou ne sorte. Les clients qui voudraient absolument partir, vous n’aurez pas le droit de les retenir alors raccompagnez-les à leur voiture et notez leur plaque d’immatriculation, ça nous suffira. (…) notez tout ce que vous pouvez et n’en parlez pas trop aux autres témoins : si un des malfaiteurs vous est apparu petit et gros, ne vous laissez pas convaincre par un collègue qui l’aura vu grand et mince » Place ensuite aux relevés de la PTS – police technique et scientifique. « Là où ils étaient, où ils sont passés, essayez de baliser le terrain, à l’aide d’un papier journal par exemple. » S’ensuivent quelques questions : « Mais si le mec, je le maîtrise et je lui mets la tête dans la machine à sous, ça peut se retourner contre moi, non ? » M. Fascella, le directeur du casino, sourit : « Dans l’idéal, ne me remettez pas tous ensemble vos lettres de démission. » Et un policier achève de dédramatiser : « nous, on est là pour vous dire le pire en espérant qu’il ne se passe jamais. On est là pour vous donner quelques clés. »
(source : lu
nio
n.com/Mathieu Livoreil)