Trois personnes ont été interpellées ce matin. Elles sont soupçonnées d'avoir blanchi de grosses sommes d'argent sur les tapis verts du casino d'Enghien.
Des tracteurs aux machines à sous, il n'y a parfois qu'un pas. Trois personnes ont été interpellées ce matin en région parisienne par les policiers du service central des courses et jeux, dans le cadre d’une vaste enquête liée à des soupçons de blanchiment d’argent au sein d’un établissement de jeux. Selon nos informations, ces investigations diligentées par le parquet de Pontoise visent des faits de blanchiment en bande organisée, de travail dissimulé et de fraude fiscale, et pourraient coûter plusieurs années de prison aux suspects interpellés ce matin au saut du lit.
L’affaire débute au mois de février 2014, à la suite d'un signalement de plusieurs employés du casino d’Enghien-les-Bains (Val-d’Oise) qui s’étonnent d’importants transferts d’argent de la part de joueurs visiblement peu discrets. Informé de ces malversations présumées, Tracfin, l’organisme anti-blanchiment du ministère de l’Économie et des Finances, saisit alors la justice, qui ouvre une enquête. Et celle-ci révèle d’étranges pratiques : pendant plusieurs mois, les trois suspects auraient fréquenté de manière assidue le casino d’Enghien en échangeant des jetons achetés à leur entrée dans l’établissement contre un bon de caisse. "Un moyen bien connu pour blanchir de l’argent sale", décrypte une source judiciaire, qui ajoute que l’argent en question provient d’une quarantaine d’entreprises de bâtiment et travaux publics (BTP) franciliennes.
4,3 millions d'euros joués
Alors que le degré d’implication de certaines de ces entreprises reste à déterminer, il apparaît que le chef présumé du réseau, un homme d’origine pakistanaise d’une quarantaine d’années, était déjà connu de la justice. "En 2011, il a effectivement été poursuivi pour des faits d’enlèvement et de séquestration à l’encontre d’un gérant d’une entreprise de BTP", poursuit cette source, qui s’étonne que, "deux mois plus tard, ce suspect a reçu un titre de séjour lui permettant de demeurer sur le territoire français".
D’après les premiers éléments de l’enquête, les quatre suspects auraient joué de très importantes sommes d'argent: au total, ce sont près de 4,3 millions d’euros qui auraient ainsi transité, les mis en cause conservant une "commission" de près de 10 % sur l’ensemble des sommes. Le parquet de Pontoise et la Jirs du Val-d’Oise entendent désormais faire toute la lumière sur ces étonnantes pratiques.
(source : lepoint.fr/ARMEL MEHANI)