7,3 millions d’euros de pertes en 2013, 9,8 millions l’année précédente… Le casino Barrière de Lille, ouvert en 2010, enchaîne les exercices déficitaires. À ce rythme, le temple du jeu prévoit de laisser 120 millions d’euros dans l’aventure lilloise d’ici 2025. De quoi réclamer un assouplissement du contrat le liant à la ville.
La schkoumoune lui colle aux semelles. Le casino Barrière a bouclé l’année 2013 avec un trou de 7,3 millions d’euros, selon le rapport présenté au conseil municipal lundi soir. C’est… mieux que l’année précédente. Mais à des années-lumière du business plan initial, qui prévoyait de premiers bénéfices. Au total, fin 2013, Barrière avait déjà laissé 62 millions dans l’aventure lilloise, entamée en 2007 avec l’ouverture d’un casino provisoire, remplacé en 2010 par le bâtiment en verre de l’architecte Jean-Paul Viguier.
La casino Barrière est un gouffre
Plumé jusqu’au caleçon, même le plus compulsif des joueurs aurait quitté la table depuis longtemps. Sauf que lui n’est pas lié, comme Barrière, par un investissement de 100 millions et un contrat de délégation de service public (DSP) de 18 ans, courant jusqu’en 2025.
Le casino Barrière de Lille est un gouffre. Un vaisseau surdimensionné, conçu dans une conjoncture favorable et fracassé sur l’iceberg de la crise sitôt sa mise à l’eau. Résultat ? « Une concession déséquilibrée », pointe le rapport 2013 établi par le casinotier.
10,1 millions d’euros de redevances en 2013
Car Barrière verse à la Ville, pour prix de sa concession, un écot qu’elle juge désormais disproportionné. En 2013, ces redevances (certaines fixes, d’autres variables) ont atteint 10,1 millions d’euros. Loin des espoirs de Martine Aubry, qui par pragmatisme, avait autorisé une implantation farouchement combattue par son prédécesseur Pierre Mauroy. Mais encore trop pour Barrière, qui entend faire baisser la note : « Il est indispensable que soient trouvés des aménagements au cahier des charges entre la ville et (le casino) afin de diminuer la perte financière de la concession », exhorte le rapport.
Au conseil municipal, lundi, l’opposant FN Éric Dillies s’est inquiété des intentions de la mairie. « On est en écoute réciproque mais on n’a rien décidé, a répondu, sibyllin, le premier adjoint PS Pierre de Saintignon. On regarde les conditions. » Faute de redresser la barre, le casino, qui emploie plus de 300 personnes, prévoit d’ici 2025 120 millions de pertes cumulées.
La direction du casino Barrière, sollicitée, n’a pas souhaité s’exprimer.
(source : lavoixdunord.fr/SÉBASTIEN BERGÈS)