En sauvegarde, l'opérateur de casinos espère que le tribunal de commerce reprendra son plan.
Mercredi, le groupe Partouche qui exploite 49 casinos a fait part de l'évolution de ses ventes pour l'exercice 2012-2013 clos fin octobre. Sans surprise, compte tenu de la crise qui frappe ce secteur, le numéro deux français a enregistré une baisse de 3,2% de son chiffre d'affaires à 436 millions d'euros. Autant que sa dynamique commerciale, c'est sa structure financière qui préoccupe Partouche. Car le casinotier croule sous plus de 230 millions de dettes à rembourser d'ici deux ans avec une échéance insurmontable de 175 millions en 2015. Très embêtant alors que son premier créancier depuis fin 2012 s'appelle Oaktree, un fonds d'investissement américain, qui ne passe pas pour un tendre.
Pour se donner de l'air, Partouche, qui emploie 5200 personnes, s'était placé fin septembre en sauvegarde. Un régime qui permet de suspendre l'exigence des dettes pendant six mois. Le temps pour l'entreprise concernée de bâtir avec ses créanciers un plan de paiement de ses dettes viable qui soit accepté par le tribunal de commerce.
Selon nos informations, le groupe Partouche vient de transmettre à ses créanciers le plan qu'il souhaiterait mettre en place. Il propose d'étaler sa dette sur dix ans, soit des échéances moyennes de 23 millions par an. Au passage, il n'y aurait plus de covenant, clauses selon lesquelles la totalité de la dette est exigible lorsque certains ratios financiers ne sont pas respectés.
Des échéances allégées
Pour montrer que son plan est sérieux, l'opérateur de casinos rappelle que l'exploitation de ses établissements est rentable. Lors des derniers exercices, le groupe a dégagé un excédent brut d'exploitation de l'ordre de 70 millions d'euros. De quoi payer 23 millions par an à ses créanciers, même si par ailleurs les dépenses d'investissement sont importantes.
Interrogé, Oaktree qui possède 38% de la dette de groupe Partouche n'a pas souhaité donner son avis sur ce plan. On peut toutefois penser qu'il ne satisfera pas ce fonds américain qui avait acheté une dette en dessous de son prix nominal en espérant gagner de l'argent rapidement. Car un étalement des remboursements sur dix ans rendrait l'opération moins intéressante.
Mais Oaktree a peu d'armes pour s'opposer à ce plan. Car si les deux tiers des créanciers ne l'avalisent pas, le tribunal de commerce peut le reprendre à son compte. Ou en tout cas imposer un plan d'étalement de la dette plus confortable que la situation actuelle. Et, dans ce genre de situation où des milliers d'emplois sont en jeu, le tribunal préfère généralement étaler la dette plutôt que placer l'entreprise en redressement judiciaire.
(source : lefigaro.fr/Jean-Yves Guerin)