Le département du Morbihan est parmi les mieux pourvu de France en nombre d'établissements de jeux.
Deux nouveaux casinos sont en projet à Larmor-Plage et Vannes. De quoi rebattre les cartes d'un marché déjà très concurrentiel.
En 10 ans, le Morbihan a connu l'ouverture de trois casinos : Arzon (2001), carnac (2002) puis La Trinité-sur-Mer (2004). Et il y a fort à parier que d'ici 2015, deux nouveaux établissements ouvriront : l'un à Larmor-Plage, l'autre à Vannes. Il faudra donc compter six établissements de jeux sur le littoral morbihannais. Une densification brutale.En 2011, 22 millions d'euros ont été générés par les machines à sous et jeux de tables dans le département. Mais le marché n'est pas extensible et les nouveaux casinos devront se partager le même gâteau que se disputent déjà les concurrents historiques.
Deux nouveaux projets
C'est désormais officiel, le casino de Larmor-Plage sortira bien de terre à la rentrée 2015. La gestion a été confiée à la SBEC (Société bretonne d'exploitation de casinos). Concernant celui de Vannes, le marché a aussi été attribué à la SBEC. La décision finale est encore entre les mains du Ministère de l'Intérieur, mais devrait intervenir en mars 2014. Si la procédure venait à être validée, l'ouverture pourrait se faire dès Noël 2015. Un casino provisoire pourrait même voir le jour fin 2014.
Quelles conséquences ?
L'arrivée de deux nouveaux établissements aura d'abord un impact en terme de clientèle. Jérémy Gosselin, directeur du casino de La Trinité-sur-Mer le reconnaît : « c'est certain, mes clients seront attirés par la nouveauté. La concurrence sera plus rude ». Son casino a gros à perdre, coincé entre l'établissement de carnac et le projet de Vannes. Même son de cloche du côté d'Arzon. Le directeur du casino Joa, Christophe Leberre, est inquiet car une part importante de sa clientèle est composée de Vannetais. Il a même chiffré la perte éventuelle. « Si Vannes ouvre, nous perdrons 35 % de produit brut des jeux. Cette perte aura forcément des répercussions en terme d'emplois ».Avec en ligne de mire l'horizon 2018, où prendra fin la délégation de service public du casino Joa. Restera, restera pas ? Chez Lucien Barrière, qui possède le casino de carnac, on réfléchirait à une stratégie plus incisive. Si l'impact sera évident en terme de chiffre d'affaires, pas sûr que le vaisseau amiral du département (53 salariés, 9,1 millions de produit brut des jeux) soit durement affecté.
Vannes rafle la mise ?
Hugo Corbillé, président de la SBEC n'est pas inquiet. « Larmor-Plage (près de Lorient) aura son casino provisoire dès le 13 septembre 2013. Le casino définitif, quant à lui, ouvrira d'ici deux ans, si les travaux et la procédure de permis de construire se passent bien ». Le recrutement est prêt : 35 personnes à plein temps ont été embauchées. « À terme, 80 personnes travailleront dans l'établissement. Près de 16 millions d'euros vont être investis pour ce nouveau casino, qui devrait générer 12 millions de produit brut des jeux, à terme.« Nous considérons que nos clients habitués se situent en moyenne à 30 minutes à la ronde. Larmor-Plage ne sera pas en concurrence frontale avec carnac. Concernant notre projet à Vannes, l'établissement provisoire emploiera 35 personnes tandis que l'établissement définitif en comptera 50. Vannes est une ville touristique, et le potentiel est énorme. Nous serons un bon complément de cette offre. Le chiffre d'affaires de nos concurrents baissera peut-être, mais la concurrence créé de l'attractivité et force à se creuser la tête pour innover. Il y a de la place pour tout le monde », argumente Hugo Corbillé.
Jackpot pour les communes ?
Pas si sûr. Si les établissements de jeux se multiplient, le nombre de clients n'augmente pas de manière proportionnelle. La dispersion des clients signifiera moins de revenus pour les casinos, et donc moins de prélèvement à destination des municipalités. Ces dernières ponctionnent en effet les revenus des casinos selon un taux fixé par la loi. En 2011, les communes de carnac, Quiberon, La Trinité-sur-Mer et Arzon ont perçu 2,166 millions d'euros. Une somme importante qui pourrait diminuer dès 2015. Le casino de Vannes, s'il est construit, rapportera 1,2 million d'euros par an à la commune. Autant en moins dans les caisses des autres ?
Quid du Finistère Sud ?
Seul présent sur la côte méridionale, le casino Barrière de Bénodet (54 salariés, 12 millions d'euros de produit brut des jeux) coule des jours tranquilles. Son directeur, Jean-Michel Landy, affiche sa sérénité. « Le casino de Larmor-Plage sera à plus d'une heure de Bénodet. Notre établissement est très implanté ici, depuis 30 ans. Notre clientèle est solide et fidèle. Nous affronterons sereinement ce nouveau concurrent. Bien sûr, nous aurons une zone de chalandise commune autour de Concarneau, Rosporden et Pont-Aven, mais ça nous stimule plus que ça nous inquiète. Il serait prématuré d'envisager tout changement de stratégie. Mais nous sommes impatients de voir à quoi il ressemblera. »
(source : lejournaldesentreprises.com/Quentin Lesiourd)