En cinq ans, le produit brut des jeux enregistré dans les dix établissements azuréens a chuté de presque 60 M€. Aucun n’est épargné par cette crise qui touche les finances publiques
Les casinos de la Côte n'ont plus la baraka. Leur chiffre d'affaires (produit brut des jeux) a chuté de 60 millions d'euros en l'espace de cinq ans. Du coup, dans certains établissements azuréens, c'est aujourd'hui la banque qui risque de prendre l'eau.
Un revers de fortune qui ne profite pas pour autant aux joueurs. Encore moins aux communes d'accueil qui perçoivent une redevance sur les jeux. Tout au moins celles qui ont encore un casino sur leur territoire. Celui de Beaulieu-sur-Mer a finalement tiré le rideau en octobre 2010. Pour Alain Fabre, le directeur général des casinos Barrière à Cannes, « il n'est pas impossible que d'autres établissements du département aient à subir le même sort. »
23 % de chiffre d'affaires en moins
Au bout de la Croisette, le casino Palm Beach est particulièrement dans l'œil du viseur. Pour les analystes financiers, le déficit structurel de cet établissement de jeux explique en partie la mauvaise passe que rencontre actuellement le groupe Partouche : l'annonce d'une perte record pour l'exercice 2012 a plombé, la semaine dernière, le cours de ses actions en bourse.
Mais, le Palm Beach est loin d'être le seul dans le rouge. « Aujourd'hui 60 % des casinos français sont déficitaires », assure Alain Fabre. Le syndicat national des casinos a annoncé fin décembre une perte globale de chiffre d'affaires de 18,4 % en cinq ans. « Même si la situation peut être assez différente d'un établissement à l'autre », note son président Michel Roger. Ainsi, selon les données fournies par le syndicat, le Palais de la Méditerranée a vu son produit brut des jeux (PBJ) baisser de plus de 40 % depuis 2006. A Grasse, les enjeux ont même chuté de presque 55 % sur la même période. Alors que dans le même temps le tout jeune casino de Cagnes-sur-Mer continue de grignoter des parts de marché (+26,5 %). Une exception !
Car, globalement, les affaires ne sont pas bonnes. La dégradation de ce secteur d'activité semble même plus forte encore sur la Côte d'Azur. En cinq ans, le produit brut des jeux réalisé dans le Var a ainsi chuté de plus de 24 %, et de presque 23 % dans les Alpes-Maritimes. Même la prestigieuse Société des bains de mer (SBM) qui gère les casinos monégasques, a dû se résigner au printemps dernier, à annoncer l'un des « plus mauvais exercice » de son histoire.
La crise et la baisse du pouvoir d'achat qui l'ont accompagné expliquent sans aucun doute ce revers de fortune. Mais les casinotiers pointent également du doigt ces nouvelles obligations réglementaires qui depuis 2006 ont contribué à les mettre « tapis » (voir ci-contre). Ils en ont dressé la liste dans un courrier adressé fin décembre au Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Dans leur missive, ces professionnels très encadrés par la loi demandent un peu plus de « souplesse » à l'Etat. Notamment pour l'homologation de nouveaux jeux.
« Les mesures que nous préconisons ne coûteraient pas un sou au contribuable, martèle Michel Roger, le président du syndicat des casinos français. Au contraire… »Car, rappelle-t-il, lorsque la « banque » perd, le fisc aussi.
En chiffres
- 2,3 milliards : c’est le chiffre d’affaires réalisé l’an passé par les 200 casinos français. Soit 18,4% de moins qu’en 2006. Dont 77,6 millions pour les casinos azuréens (- 22,7 %).
- 56 % : c’est la part du produit brut des jeux reversé par les casinos sous forme de prélèvements fiscaux.
- 15 % : c’est le taux maximal du prélèvement communal auquel s’ajoutent d’autres prestations en nature (spectacles) ou financières (contribution touristique).
(source : nicematin.com)