Crise oblige, les Français ont sensiblement freiné en 2012 la croissance de leurs dépenses aux jeux d’argent même s’ils ont misé chaque jour au Loto, dans les casinos et les hippodromes ou derrière leur écran la somme record de 89 millions d’euros, selon une enquête de l’AFP.
Crise oblige, les Français ont sensiblement freiné en 2012 la croissance de leurs dépenses aux jeux d’argent même s’ils ont misé chaque jour au Loto, dans les casinos et les hippodromes ou derrière leur écran la somme record de 89 millions d’euros, selon une enquête de l’AFP.
Cette somme – équivalent à 2,2 tonnes d’or ou à six fois le salaire annuel de l’attaquant vedette du PSG Zlatan Ibrahimovic – a quasiment doublé en dix ans, les dépenses quotidiennes des Français au jeu passant de 47,5 à 89 millions d’euros.
Selon les données communiquées par les trois opérateurs historiques (Française des Jeux, PMU, casinos) et par l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel), les Français ont misé en 2012 un total de 32,5 milliards d’euros, soit une hausse de 2,8 % par rapport à 2011 (31,6 milliards). La hausse avait été de 16,8 % entre 2010 et 2011.
« Le jeu d’argent reste une soupape de décompression », explique à l’AFP le sociologue Denis Muzet, président de l’Institut Médiascopie. Il relève que dans une récente enquête de Médiascopie, les Français, interrogées sur leurs « fiertés nationales » pour 2012, mettaient au même rang le gain faramineux de 169 millions d’euros d’un Français à Euro Millions et les cinq Oscars obtenus par le film français « The Artist ».
« Plus l’horizon se bouche sur le plan économique, plus le climat se détériore sur le plan psychologique, plus les Français semblent vouloir s’offrir un moment de rêve et de plaisir en jouant des sommes modiques », estime Denis Muzet.
Ce sociologue cite les jeux de grattage (1 à 10 euros pièce), qui ont représenté pour la Française des Jeux (FDJ) 5,4 milliards d’euros (sur un total de 12,1 milliards) en hausse de 7,5 %.
La FDJ, dont l’Etat détient 72 % du capital, a accru son chiffre d’affaires total de 6,1 %, à comparer avec celui du PMU (+ 2,5 %), des 22 opérateurs de jeux en ligne (+ 1 %) et des 196 casinos (- 1,8 %).
La FDJ et le PMU continuent d’ailleurs à faire la course en tête grâce à leurs réseaux de points de vente alors que d’aucuns les voyaient s’effondrer avec l’arrivée des jeux en ligne.
« Démocratie financière »
Denis Muzet n’est guère surpris. Avec 34.300 points de vente pour la FDJ et 11.800 pour le PMU, où elles ont réalisé la très grande partie de leurs ventes, ces deux enseignes sont présentes dans quelque 12.000 communes.
« Ces points de vente permettent de cultiver le lien social », assure le sociologue qui juge « très judicieux le choix de la FDJ de soigner son réseau physique plutôt que d’investir massivement dans les jeux en ligne ». Ainsi la FDJ a-t-elle enregistré dans son réseau physique 1,37 milliard d’euros de mises de paris sportifs, soit deux fois plus que les 22 opérateurs de jeux en ligne (705 millions).
De fait, l’année 2012 a confirmé que les jeux en ligne (paris sportifs et hippiques, poker) étaient loin d’être le pays de Cocagne rêvé avant l’ouverture du marché en juin 2010. Ainsi le montant total des mises s’est établi en 2012 à 9,408 milliards d’euros en hausse de seulement 1 % par rapport à 2011. Un tiers des opérateurs ont mis la clé sous la porte en 2012 après avoir enregistré, pour certains, des pertes abyssales.
« Miser sur un Loto ou un Cash de la Française des Jeux c’est par ailleurs faire preuve d’une forme de patriotisme en faisant confiance à une marque bien française » dans une économie mondialisée, soutient Denis Muzet.
« Dans un pays où les revenus sont profondément inégalitaires (Gérard Depardieu, Bernard Arnault …), les joueurs sont profondément égaux devant le hasard », ajoute le sociologue qui assimile le jeu de hasard à une « démocratie financière ».
Quant aux 196 casinos français, confrontés à une nouvelle baisse de leur chiffre d’affaires de 1,8 %, soit 20 % en cinq ans, ils se sont tournés vers vers le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, pour lui demander de « débloquer » l’exploitation de nouveaux jeux et un aménagement de leurs horaires.
Pour autant, si l’économie « connaissait une dégradation trop forte, les Français, après avoir arbitré dans leurs dépenses en 2012 au détriment de leurs dépenses d’habillement, pourraient bien cette année diminuer leurs dépenses aux jeux d’argent », conclut Denis Muzet.
(source :
1001actus.com/AFP)