Dominique desseigne : «Participer à la consolidation de l'industrie des casinos»
Propos recueillis par Aude Sérès
LE FIGARO éCONOMIE. – Vous venez d'annoncer la fusion de vos casinos avec ceux du Groupe Accor. Quel est l'intérêt d'un tel rapprochement ?
DOMINIQUE desseigne.– Nous avons souhaité créer un acteur européen de tout premier plan dans le domaine des casinos. Le projet que nous venons de signer avec le Groupe Accor est un accord «gagnant-gagnant», dans lequel ma famille détient durablement 51%. Il permet de nombreuses synergies industrielles, commerciales et financières, notamment sur les achats. Ce nouvel ensemble pourra ainsi bénéficier du réseau commercial d'Accor, notamment ses bureaux de ventes implantés partout dans le monde, ainsi que les accords avec les loueurs de voitures ou encore la constitution de «package».
A combien chiffrez-vous les synergies ?
Il est un peu tôt pour les chiffrer. Donnez-nous du temps !
Dans quel contexte intervient cette opération ?
Nous sommes arrivés dans une période de consolidation du marché des casinos. En effet, le rythme de croissance que nous avons connu ces dernières années est devenu moins rapide. Et, en 2003, la croissance a été nulle à parc constant. En outre, tant les créations que les extensions de casinos sont devenues plus difficiles. Les casinos doivent donc se regrouper. Le choix d'Accor, avec lequel nous travaillons sur cette fusion depuis neuf mois, s'est imposé de lui-même. En effet, nous sommes ensemble depuis 1987, quand Accor a pris 34,9% de la Société des hôtels et casinos de Deauville. Nous avons donc un long partenariat et une longue connaissance les uns des autres. Nous nous appuyons également sur Colony, un fonds qui connaît particulièrement bien les secteurs casinotier et immobilier.
Cette opération dans les casinos préfigure-t-elle une alliance plus vaste dans l'hôtellerie entre Accor et le Groupe Lucien Barrière ?
Absolument pas. Cet accord est principalement un accord casinotier. Il n'est pas question d'y intégrer les hôtels d'Accor. Seuls sont concernés treize hôtels, dont onze hôtels de luxe de Lucien Barrière, ainsi que deux appartenant à Accor Casinos.
Quelles sont les prochaines étapes du développement du nouvel ensemble ?
Nous allons nous consacrer à la constitution d'un acteur de tout premier plan. Il s'agit ainsi d'améliorer la rentabilité de ce groupe, mais également de continuer à participer au mouvement de consolidation de l'industrie des casinos. Cela passe bien sûr également par l'ouverture de nouveaux casinos. Nous devons aussi nous atteler à l'optimisation du casino de Montreux, dont l'ouverture est récente. Nous serons également présents sur les nouveaux appels d'offres. Par ailleurs, d'ici deux ans, nous allons ouvrir à Paris l'hôtel Fouquet's Barrière.
Quelles sont vos perspectives de résultats pour 2004 ?
Le chiffre d'affaires brut 2003 du nouvel ensemble aurait atteint 923 millions d'euros. Les perspectives de l'année dépendront de la croissance des casinos en cours d'ouverture, mais également de l'accroissement du parc de machines à sous en cours d'exercice. Nous espérons pouvoir accroître le parc de 400 à 500 machines à sous cette année.
La Société fermière municipale du casino de Cannes est exclue de cet accord. La présence du groupe Partouche, à hauteur de 15,5%, au capital est-elle un frein à la constitution d'un groupe cohérent ?
Non. La présence de Partouche n'est pas un obstacle. Il est vrai que la Fermière de Cannes n'est pas pour le moment inclue dans l'accord. Mais pour des raisons de valorisation de cette structure, qui rassemble nos établissements sur la Côte d'Azur. En effet, il nous était difficile de valoriser cette société, dans la mesure où nous allons ouvrir prochainement le troisième casino cannois. Ce casino aura un positionnement très haut de gamme, du niveau des casinos de Londres et de Monaco. Nous espérons optimiser cet établissement d'ici à quatre ans.
Estimez-vous qu'il y a une guerre des casinos et notamment avec Partouche, votre grand rival ?
Je ne me situe pas sur le terrain de la «guerre des casinos». Pour le moment, je me consacre à cette opération gagnant-gagnant avec Accor et Colony, et au développement des casinos du nouveau groupe. A chaque jour suffit sa peine.