Les propriétaires des casinos du Tréport et de Berck ont entamé une action en justice pour contrer la concurrence à Mers et Fort-Mahon. Quand on parle gros sous, ça ne rigole plus.
À peine ouvert et déjà menacé. Inauguré vendredi, le casino de Mers-les-Bains fait l'objet d'un recours devant le tribunal administratif.
Le groupe Joa, propriétaire du casino du Tréport, veut faire annuler l'autorisation d'ouverture accordée au mois de mars par le ministère de l'Intérieur à cet encombrant concurrent.
Contactée hier, la direction du casino tréportais se refuse pour le moment à tout commentaire. Mais une chose est sûre, sur le littoral picard, l'arrivée de cette nouvelle concurrence sur le marché des jeux est loin de faire l'unanimité.
Plus au nord, en effet, Partouche, propriétaire du casino de Berck (Pas-de-Calais), aurait entrepris une démarche similaire à l'encontre du casino de Fort-Mahon-Plage, dont l'ouverture est programmée à l'été 2013.
«C'est inquiétant, mais le recours juridique est visiblement une démarche courante dans ce milieu », affirme Sébastien Guivarch, gérant du nouveau casino de Mers-les-Bains.
Sur les cinq autorisations d'ouverture accordées en France au mois de mars par le ministère de l'Intérieur, quatre ont effectivement fait l'objet d'un recours.
Les enjeux financiers sont considérables, et les casinotiers installés n'ont pas vraiment envie de partager le gâteau, encore moins dans un contexte économique morose.
C'est d'ailleurs sur la base de ces éléments, à savoir la viabilité de leur entreprise, que les groupes Joa et Partouche auraient construit leur argumentaire. «Le casino du Tréport joue sa survie, tout comme nous, analyse Sandra Blachère, co-gérante du casino de Cayeux-sur-Mer. Les entreprises ferment, les restaurants font faillite, l'essence est hors de prix et on voudrait nous faire croire qu'on va régler les problèmes en ouvrant des casinos ! Il faut arrêter le massacre. »
À la tête d'un établissement indépendant qui vient de fêter son vingtième anniversaire, Sandra Blachère n'envisage cependant pas d'intenter à son tour un recours. « Je n'en ai pas les moyens, je n'ai pas un groupe derrière moi. »
Les casinos du Tréport et de Berck, eux, peuvent s'appuyer sur la solidité financière des groupes Joa et Partouche pour tenter cet ultime coup de poker. À Mers-les-Bains, en tout cas, où l'on attendait l'ouverture d'un casino depuis 1987, on imagine mal un retour en arrière.
Ce week-end, en tout cas, les joueurs se sont bousculés à l'entrée de l'établissement. Fort-Mahon espère bien qu'il en sera de même à l'été 2013.
(source : courrier-
picard.fr/FABRICE JULIEN)