Le renouvellement pour vingt ans de la délégation de service public, pour l'exploitation des jeux, au groupe Barrière, a fait débat vendredi soir.
Pas d'éclats de voix pour ce Conseil municipal qui s'est tenu vendredi soir. Juste des divergences de point de vue ou des inquiétudes exprimées qui auront abouti à des abstentions ou des voix contre.
La question ayant trait au renouvellement de la délégation de service public (DSP) pour l'exploitation des jeux au casino municipal a longuement été commentée. En préambule, le maire Didier Borotra rappelle que le contrat du groupe Barrière arrivant à échéance cette fin d'année, une procédure de mise en concurrence a été lancée en octobre 2011 afin de renouveler cette DSP. Une seule candidature a été enregistrée, celle de la Société d'expansion touristique de Biarritz (SETB) du groupe Barrière. « Qu'il n'y ait qu'un seul candidat a facilité les discussions », souligne le maire.
Des discussions qui ont porté sur le contenu du nouveau contrat. Lequel stipule, sur une durée de 20 ans à compter de 2013, le maintien à 15 % du taux du prélèvement communal sur le produit brut des jeux, et à 8 % celui sur les activités bar et restauration. Il engage aussi le délégataire à financer à hauteur de 33 % (le reste étant à charge de la Ville) la rénovation des bâtiments évaluée à 6,8 M€.
Des aménagements sont envisagés. Comme créer une terrasse fumeurs et regrouper l'ensemble des jeux sur un même plateau de sorte à garder la grande salle du premier étage à des fins de promotion artistique. Ce dernier aspect devrait rapporter 3 % du chiffre d'affaires.
Un seul plateau de jeux
Le socialiste Galéry Gouret-Houssein s'inquiète « du manque flagrant de concurrence », dénonçant même « un certain monopole » et trouve la part de la mairie trop importante concernant les travaux. Ce à quoi Didier Borotra répond : « La Ville exploite les deux tiers du casino, il est normal dès lors qu'elle participe à sa rénovation ».
Patrick Destizon, pour l'Union de la droite et du centre pour Biarritz, après avoir dressé un bilan comptable négatif de la SETB en matière de chiffre d'affaires, reconnaît que la Ville a plutôt bien négocié le contrat. Mais s'inquiète, « d'un point de vue esthétique et de la préservation du patrimoine, de la réalisation d'une terrasse fumeurs ». Il dit aussi regretter que la réouverture de la roulette française ne figure pas dans le contrat et craint que « le regroupement des jeux sur un seul plateau permette une gestion plus minimaliste du nombre des employés ».
Ce dernier point est repris par le communiste Bernard Ithurbide, qui croit aussi savoir qu'une fermeture annuelle du casino de quatre semaines est dans les cartons alors que, jusqu'à présent, l'établissement était ouvert tous les jours de l'année. « La Ville ne peut pas imposer des règles que le casinotier ne veut pas, oppose le maire. Elle ne peut que faire respecter ses propres intérêts, en matière de produits des jeux et de redevance. Mais ce que je peux dire, c'est que sur vingt ans, la masse salariale devrait augmenter de 5 à 7 M€ parce que les prévisions d'exploitation vont vers l'augmentation. Concernant la roulette française, seuls onze casinos en possèdent une en France. Ni Bordeaux ni Toulouse n'en ont une… »
Max Brisson, premier adjoint, abonde : « Le choix du plateau unique est un choix stratégique commercial. C'est un pari sur l'avenir. Ce nouveau contrat doit permettre au casino de se développer, donc d'augmenter sa fréquentation et par là même les recettes. »
Un espace récréatif
Peio Claverie, du groupe Elkartu, avoue que cette DSP n'est pas défavorable aux intérêts de Biarritz. « Mais, dit-il, je regrette l'abandon des grands jeux. On ne doit pas devenir Las Vegas. Je souhaite que le groupe Barrière ait de l'ambition et qu'il tienne ses engagements concernant l'entretien du casino et surtout son animation. »
Jakes Abeberry, de la majorité, note que cette réorientation stratégique le séduit : « Les casinotiers savent comment gagner de l'argent, faisons-leur confiance. » Un avis que ne partage pas Jean Benoît Saint-Cricq : « Il fallait garder la salle des grands jeux avec la roulette française. C'est elle qui attire les gros revenus. Barrière se tourne vers les personnes à revenus modestes, je trouve cela dommageable. »
« Ce qu'il faut retenir, conclut l'adjoint Michel Veunac, c'est que l'espace de jeu va se transformer en espace récréatif. C'est un nouveau concept qui nous est proposé et est proposé aux salariés. C'est probablement la meilleure solution pour éviter la dégringolade. »
La question a été votée avec six abstentions.
(source : sudouest.fr/Didier Borotra)