<b>JEUX L'unique établissement du Haut-Valais n'a pas rouvert ses portes à Noëlb>
«Pour différentes raisons, le Casino de Zermatt n’est pas en mesure d’offrir ses services pour le moment...» C’est par un banal écriteau au contenu lénifiant que la maison de jeu ouverte en octobre 2002 annonce un désastre financier. Aucune date n’est précisée pour la réouverture, mais certainement pas dans le creux de janvier.
Questionné, l’office du tourisme renvoie la boule rouge au directeur du Grand Hotel Zermatterhof voisin, qui lui-même la renvoie au président de la commune bourgeoise, Andreas biner, propriétaire de l’établissement avec la société Saarland Spielbank GmbH, à Saarbrücke (All). Ensemble, ils ont investi 7 millions dans la construction et l’équipement du petit casino qui jouxte le cinq-étoiles appartenant aussi à la commune bourgeoise.
Personne n’est dupe. Si le Casino de Zermatt n’ouvre pas ses portes au plus fort de l’an, c’est que l’affaire est grave. Officiellement, le casino a perdu 1,4 million au cours de ses premiers deux mois d’existence et bien davantage en 2003.
En janvier et en février 2003, alors que la saison touristique battait son plein, l’établissement n’avait attiré que 5000 clients par mois, alors qu’on en attendait le double. De janvier à mars, les rares clients n’ont joué que pour 500 000 francs au lieu des 2,5 millions attendus. La société du casino a procédé à une augmentation du capital de 3 à 6,1 millions en juin 2003, mais la commune bourgeoise s’y est opposée et a vu sa part réduite à 25%: «Nous sommes à la recherche d’un nouveau partenaire, concède Andreas biner, le président de la commune bourgeoise. Nous avons plusieurs pistes en vue, mais cela va prendre encore du temps.»
Numéro un des casinos européens, le groupe français Partouche a été contacté, mais a décliné l’offre: «Le joueur de casino est très autonome. Il déteste par définition être astreint à des horaires rigides, précise Yassine ben Abdelsallem, directeur du nouveau Casino du Lac, à Meyrin (GE). Près de 60% de nos affaires se font après 1 heure du matin. A Zermatt, plus aucun train n’arrive ou ne quitte la station après minuit...» Une autre raison est que Partouche a des vues sur une éventuelle réouverture du Casino de Saxon (VS).
Si Zermatt ferme définitivement ses tables, ce sera le deuxième casino à connaître ce triste sort depuis que berne a décidé de rouvrir les <b style='color:black;background-color:#ffff66'>maisonsb> de jeu en octobre 2001. Arosa, dans les Grisons, s’est vu retirer sa concession par la Commission fédérale des <b style='color:black;background-color:#ffff66'>maisonsb> de jeu (CFMJ ) le 2 juin dernier, après seulement neuf mois de fonctionnement. Le casino grison, qui appartenait également à la société Saarland Spielbank, ne remplissait plus les conditions légales.
<b>Casino à deux vitessesb>
Les experts sont d’accord sur le constat. En montagne, la population indigène est insuffisante et il faut des touristes en suffisance pour faire tourner la machine. A Zermatt, les joueurs les plus assidus se recrutaient parmi le personnel étranger des grands hôtels!
La clientèle du pied du Cervin est davantage attirée par les pistes de ski et se couche tôt. La Suisse a la particularité d’avoir des casinos à deux vitesses: licence A pour les grands jeux et licence b pour les plus petits, comme Zermatt ou Arosa. L’impôt perçu sur les A va entièrement à la Confédération, celui des b se partage entre berne et le canton de domicile à raison de 60-40%: «A Genève, un casino b comme Meyrin a pourtant réussi à encaisser 20,4 millions de produit brut en une demi-année d’ouverture, reversant ainsi 10 millions d’impôts.
On devrait atteindre plus du double en 2004, évalue le directeur de Meyrin: «Ce résultat ne serait pas possible dans une zone de montagne où l’on ne fonctionne qu’une partie de l’année.»
(source : lematin.ch/Olivier Grivat)