Frédérique Ruggieri, propriétaire du casino de Gujan-Mestras, se dit victime de « l'acharnement » de certains fonctionnaires de la direction des courses et jeux après une fermeture administrative d'une semaine.
Lundi 19 mars, le casino de Gujan-Mestras a rouvert ses portes normalement. Sa clientèle est revenue comme si rien ne s'était passé et que la fermeture administrative n'avait jamais été prononcée. Pendant une semaine, il était pourtant impossible de s'asseoir face à la machine à sous. Pour celle qui a remporté l'appel d'offres et bâtit le casino en 2002, il s'agit d'un coup de plus porté à son affaire. Ce qui a motivé la fermeture est semble-t-il lié à un dysfonctionnement d'application du règlement. Comme l'annonce d'un tournoi de poker faite deux semaines avant au lieu de trois ou en établissant des reproches sur la qualification du personnel.
Pour Frédérique Ruggieri, la version est bien plus complexe. Selon elle, si l'établissement a dû baisser le rideau, c'est d'abord parce que les « membres des courses et jeux ont voulu donner une leçon à l'établissement de Gujan-Mestras, pour leur avoir fait payer une addition à ses contrôleurs lors d'une de leur visite en 2011, où ils avaient omis de régler. »
Quelques jours après cet épisode, le 27 avril exactement, l'un des membres du comité directeur est mis à pied sur décision des autorités, « comme par hasard » dit-elle. L'avocat parisien du casino, maître Marc Richer obtiendra cependant la réintégration du « banni » devant la justice. Sans trop de mal...
Une « persécution » qui s'est poursuivie le 3 mars dernier, lorsque Frédérique Ruggieri et Sentob Toledano, directeur de la Socodem qui gère le casino, apprennent que l'établissement doit fermer. « D'abord, nous avons reçu cet ordre une semaine avant son exécution, alors qu'il aurait dû nous parvenir quinze jours avant, ajoute-t-elle. Ce qui nous a empêchés d'agir dans les délais devant le tribunal administratif. »
Le 14 mars, dans le quotidien Sud-Ouest, le service des courses et jeux fait pourtant remarquer ceci : « Tous les casinos se plient aux obligations de la réglementation, sauf le casino de Gujan-Mestras », avant d'ajouter « depuis plusieurs années, on a constaté à Gujan-Mestras des manquements structurels à la réglementation. »
Irréprochable mais puni
Passé l'injonction, la direction du casino de Gujan-Mestras se demande ce qui motive réellement cette « grande première » pour un casino français indépendant. « Nous n'avons aucune plainte de joueur, pas d'irrégularité dans les finances, ni dans la gestion et on ne peut nous reprocher le moindre trouble à l'ordre public », réagit la propriétaire. Pendant une semaine, les 50 employés du casino sont donc restés à la maison et l'établissement a enregistré un manque à gagner proche des 200.000 euros. « On paye notre indépendance et notre volonté de ne pas plier », lâche Frédérique Ruggieri qui s'apprête à sortir un livre fin mars-début avril ("Jamais céder !, Une femme révèle le dessous des cartes", aux éditions ILV), dans lequel elle racontera les dessous du parcours chaotique d'une femme dans le secteur des jeux.
Dans cette affaire, le maire de Gujan-Mestras, Marie-Hélène des Esgaulx a apporté son soutien. L'élue estime que « rien ne justifiait cette fermeture administrative » et que la sanction était « disproportionnée » et « décalée ». « C'est une perte financière pour le casino, son personnel et pour la ville, a-t-elle ajouté. On fait des misères à cet établissement que la préfecture juge pourtant irréprochable ! » Un dernier terme que le sous-préfet confirme depuis cinq mois qu'il est en poste.
Un paradoxe confirmé récemment. En effet, pourtant sous le coup de la fermeture, le parking de l'établissement a accueilli le 10 mars dernier, une grande opération de sensibilisation orchestrée par... la gendarmerie, la police et la préfecture ! Ils n'auraient quand même pas dressé leur dispositif si près des bandits ?
(source : ladepechedubassin.fr/Alexis Blad)