INTERVIEW - Le patron de Lov Group considère sa relation avec l'héritière de L'Oréal comme un partenariat de long terme.
LE FIGARO. - L'investissement de 143 millions d'euros réalisé par Liliane Bettencourt dans votre groupe se trouve au cœur d'une nouvelle confrontation familiale. Comment êtes-vous entré en contact avec l'héritière de L'Oréal ?
Stéphane COURBIT. - Le processus a démarré l'été dernier. Nous voulions avoir la capacité financière de saisir d'éventuelles opportunités, mais sans recourir à l'endettement. Nous avons mandaté la société Triago (société spécialisée dans la levée de fonds, NDLR) qui nous a présenté une dizaine de candidats. Nous cherchions un partenaire stable, qui puisse s'inscrire dans la durée, comme c'est le cas des grandes familles avec lesquelles nous avons déjà conclu des accords, Agnelli, Louis-Dreyfus, Bolloré ou Arnault. À l'automne, Pascal Wilhelm (NDLR: le protecteur et conseil de l'héritière de L'Oréal) m'a parlé de Liliane Bettencourt et de son souhait d'investir. Il m'a présenté le responsable des investissements de Mme Bettencourt. C'est ainsi que nous nous sommes rencontrés.
Comment se sont déroulées ces rencontres?
La première rencontre a eu lieu en novembre. Liliane Bettencourt m'a expliqué qu'elle désirait investir pour ses petits-fils. L'un fait des études de commerce, l'autre d'audiovisuel. Nous avons même évoqué la possibilité qu'ils effectuent un stage chez nous. La deuxième chose qui l'intéressait, c'est que j'ai investi l'essentiel de ma fortune personnelle dans mon entreprise, ce qui constitue la meilleure garantie de mon investissement quotidien dans la bonne marche de la société… Le deuxième rendez-vous a eu lieu il y a quelques semaines. Au cours de ces entretiens, Liliane Bettencourt s'est montrée tout à fait informée de ses dossiers.
«Jamais la famille Bettencourt n'avait investi dans des activités de cette nature» a expliqué Françoise Meyers. Stéphane Courbit-Liliane Bettencourt, n'est-ce pas une association surprenante?
C'est un accord avantageux et protecteur pour la Financière l'Arcouest (appartenant à Liliane Bettencourt, NDLR). Triago avait établi une fourchette de valorisation de LG industrie entre 573 millions et 750 millions. La transaction s'est opérée à 575 millions, soit la fourchette basse, correspondant au chiffrage de la banque Messier-Marys et associés (conseil de Liliane Bettencourt).
La financière l'Arcouest détient 20% du capital de la société. Une clause de liquidité lui garantit un rendement de 12% minimum par an si nous nous séparons à notre initiative. Elle possède un droit de veto et des postes au conseil d'administration. Il s'agit donc d'un véritable partenariat. Je souligne également que Liliane Bettencourt a investi dans une société qui n'est pas endettée, puisque notre ligne de crédit ne dépasse pas 30 millions d'euros, quand l'actif net réévalué est de 600 millions d'euros et qui a un retour sur investissement de 40% par an sur les trois dernières années.
Malgré tout, Françoise Bettencourt Meyers s'inquiète d'un possible conflit d'intérêt, le mandataire de sa mère étant également avocat de votre société.
Je ne vois pas de quoi on parle. Il n'y a pas de conflit d'intérêt. Pascal Wilhelm n'est pas mon avocat. C'est l'un des avocats qui travaillent pour le groupe, tout comme le cabinet Bredin-Prat, cabinet de Françoise Bettencourt Meyers. L'année dernière, les honoraires de Wilhelm et associés, qui intervient essentiellement pour l'activité de jeux en ligne, se sont élevés à 560.000 euros. Ceux de Bredin-Prat à 1,2 million d'euros. Dans les deux cas ni l'un ni l'autre ne sont en conflit d'intérêt.
Françoise Bettencourt Meyers et ses conseils étaient-ils informés de cette opération?
Je n'ai jamais rencontré Françoise Bettencourt Meyers. Ce qui se passe entre la mère et la fille me désole mais ne me regarde pas.
Comment voyez-vous l'avenir aujourd'hui?
Mon souhait était et reste d'établir un partenariat de long terme. S'il fallait envisager un jour une sortie anticipée de Liliane Bettencourt nous le ferions naturellement.
(source : lefigaro.fr/Laurence De Charette et Gaëtan De Capèle)