PARIS — Le lobby des opérateurs de jeux en ligne a plaidé mardi pour assouplir un marché ouvert à la concurrence depuis un an, jugeant ses résultats décevants à cause d'une réglementation selon eux inadaptée.
Même si les spécialistes du secteur évoquent un "succès remarquable", notamment pour le poker, l'Afjel a rendu public un "livre blanc" dressant un bilan mitigé et présentant des propositions pour "faire de l'ouverture" de ce marché "un succès".
"Aujourd'hui, aucun des dix opérateurs majeurs de jeux en ligne en France n'arrive à être profitable", déplore Nicolas Béraud, président de l'Afjel et d'un opérateur, BetClic Everest Group (paris sportifs et poker en ligne).
Pour lui, "il y a une prise de conscience aujourd'hui au niveau politique que la loi ne fonctionne pas". "Je reste optimiste" sur une révision de la loi, a-t-il assuré, car "nous présentons des propositions pragmatiques", pour "que les Français aillent en toute sécurité sur des sites agréés" par l'Etat, et non plus des sites étrangers proposant des formules plus attractives.
La loi du 12 mai 2010 sur l'ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d'argent et de hasard en ligne, suivie le 8 juin par les premiers agréments accordés aux opérateurs, prévoit une "clause de revoyure" en novembre 2011 pour d'éventuels aménagements.
Dans un entretien à l'AFP fin mai, le président de l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) Jean-François Vilotte estimait que cette loi de 2010 avait "montré son efficacité".
Pour le sociologue Jean-Pierre Martignoni-Hutin, interrogé fin mai, "les jeux d'argent sur internet intéressent 3,5 millions de Français dont 74% possèdent des comptes joueurs actifs". Ce spécialiste des jeux d'argent et de hasard qualifie le poker en ligne de "succès remarquable", porté depuis quelques années par le "phénomène poker grâce aux tournois dans les casinos, aux nombreuses émissions télé et à la peopolisation".
Mais les opérateurs trouvent que les paris sportifs en ligne peinent à s'imposer.
Selon l'Arjel, le volume des paris sportifs et des mises au poker ont baissé au premier trimestre 2011 par rapport au 4e trimestre 2010, et celui des paris hippiques s'est stabilisé.
Le "livre blanc" de l'Afjel demande "une plus grande diversité dans l'offre" en permettant aux opérateurs de choisir eux-mêmes les courses hippiques sur lesquelles ouvrir des paris (la liste est pour l'instant établie par le PMU), en libéralisant totalement les paris sportifs en supprimant "l'actuelle liste de paris limitative", et en autorisant des "versions du poker autres que Texas Hold'em et Omaha 4 pot limite".
Il faudrait aussi "élargir le périmètre des jeux en ligne autorisés aux jeux de hasard", comme les loteries par exemple, aujourd'hui monopole de la Française des Jeux (FDJ).
La non-libéralisation de ce secteur, qui concerne 800.000 joueurs, représente "200 millions d'euros de manque à gagner pour l'Etat en taxes" et crée de "très fortes distorsions de concurrences", assure M. Béraud.
Le document demande également un assouplissement du "taux de retour aux joueurs" (TRJ, la proportion des mises redistribuées aux joueurs par les opérateurs), "afin qu'il puisse atteindre le niveau des sites étrangers" (90 à 95%, contre une limitation légale à 85,5% en France).
Enfin, le "livre blanc" préconise une nouvelle réforme de la fiscalité, avec une taxation du produit brut des jeux (différence entre les gains et les pertes des joueurs) et non plus sur les mises des joueurs.
(source : google.com/AFP/Marc BASTIAN)