Un couple d’Italiens a été arrêté au casino du Lyon-Vert, suspecté d’une série d’escroqueries dignes de tours de magie. Mis en examen et écroué à Lyon, ils auraient gagné plus de 24 000 euros
L’affaire est digne des « arnaqueurs » de Stephen Frears. Suspecté d’une entourloupe tout en finesse, redoutable d’efficacité, un couple a été interpellé par la police judiciaire dans l’enceinte du casino « Lyon-Vert » à Charbonnières-les-Bains.
La scène s’est produite dans la nuit de samedi à dimanche dernier, sans être ébruitée. Le couple de nationalité italienne, en possession de faux papiers, a été mis en examen et écroué pour « escroquerie en bande organisée ». Le complice qui les attendait sur le parking a réussi à prendre la fuite. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Ouverte à Lyon, une instruction judiciaire a raflé la mise. Elle regroupe désormais plusieurs dossiers dans lesquels le couple se serait illustré. Il est question d’un détournement de plus de 24 000 euros au préjudice de trois établissements à Lyon et à Cassis, où ils avaient été repérés pour la première fois le 27 février dernier. Mais les jeux ne sont pas encore faits. Les enquêteurs se demandant si le couple de quadragénaires n’a pas écumé dans les grandes largeurs les casinos de France et de Navarre.
L’arnaque se situe autour de la grande table de la roulette anglaise. Le couple est soupçonné d’avoir utilisé la technique dite de « la poussette ». Sans donner l’apparence de se connaître, l’homme et la femme s’assoient à distance. La femme plutôt proche du croupier. «Faites vos jeux» : lorsque la boule est lancée, le duo mise de manière très classique. « Rien ne va plus », « les jeux sont faits » : au moment où le chef de table annonce le numéro gagnant, la femme provoque un incident. Un cri, une petite bousculade, un geste spectaculaire. Simultanément, de manière synchronisée, l’homme profite de l’attention détournée pour accomplir un geste imperceptible : il pousse un petit tas de jetons sur la case gagnante. Selon une autre variante, il passe la main sur la case et lâche quelques jetons dissimulés dans sa paume. « C’est d’une grande dextérité, comme un tour de magie », dit un enquêteur.
Ce manège a été repéré au casino du Pharaon. « Notre métier c’est d’être vigilant, deux hommes et une femme cherchaient à détourner l’attention du chef de table, on a diffusé leur signalement », confie un responsable du casino du quai Charles-de-Gaulle. En fait, le trio était déjà dans le collimateur de la « division des affaires judiciaires » du service central des Courses et jeux. Basés à Nanterre, anciennement reliés aux renseignements généraux, les « Courses et jeux » sont désormais rattachés à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et dispose d’antennes départementales. Quand les spécialistes de la « poussette » ont été détectés à Lyon, la PJ a mis le paquet pour les rattraper. Dans la soirée, le couple s’est pointé au Lyon-Vert en espérant changer 700 euros de jetons gagnés le mois dernier. Impair et manque : ils ont tiré les mauvais numéros.
(source : leprogres.fr/Richard Schittly)