Groupe partouche n'a pas guère été un jackpot pour ses actionnaires. En moins de cinq ans, le cours de bourse du premier exploitant français de casinos a été divisé par dix. La faute à la crise, à la concurrence des jeux en ligne et à l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Sébastien Korchia, gérant chez Meeschaert AM de MAM Entreprises familiales (FR0000988933) est cependant d'avis que Groupe partouche pourrait avoir mangé son pain noir.
Les résultats 2010 de Groupe partouche reflètent la crise que le groupe a traversée ces dernières années. Le leader français des casinos a affiché une perte nette de 58 ME lors du dernier exercice. Elle s'élevait à 16,7 ME en 2009. Le résultat opérationnel (-25,9 ME) a, de son côté, été plombé par des dépréciations pour écarts d'acquisition.
Quatre années de déveine
Pour Sébastien Korchia, le gérant de MAM Entreprises familiales (FR0000988933), il ne convient plus de s'appesantir sur ces mauvais résultats : « Le groupe a cumulé les handicaps et les difficultés ces quatre dernières années. Il a dû composer avec la baisse d'activité des jeux traditionnels, la crise économique, la concurrence des jeux en ligne, l'accroissement de la pression fiscale suite à une augmentation de la CSG, ainsi que l'interdiction de fumer dans les lieux publics dont l'impact sur la fréquentation des casinos commence aujourd'hui à s'atténuer. L'addition de tous ces vents contraires a conduit Groupe partouche à enregistrer des pertes et connaître une situation financière extrêmement dégradée, le tout aboutissant à une véritable débâcle boursière, » puisque le titre a dévissé de plus de 80 % en cinq ans.
Ce tableau peu engageant n'ébranle pas totalement Sébastien Korchia qui estime que partouche est peut-être à l'aube d'une histoire de recovery, comme s'en délectent les bousiers. « Tout d'abord, » remarque l'homme de Meeschaert AM, « les pertes 2010 ont été alourdies d'éléments exceptionnels. Le groupe a nettoyé ses comptes. »
Ensuite, avec l'amélioration du cycle économique, « partouche renouera probablement avec les bénéfices » note le gestionnaire d'actifs de Meeschaert AM « des bénéfices dont la croissance sera d'autant plus vigoureuse que les effets de base seront extrêmement favorables, les années précédentes ayant été mauvaises voire exécrables. »
Les chiffres dévoilés par Groupe partouche au titre du 1er trimestre de l'exercice 2010/2011 sont, à ce titre, encourageants. Le chiffre d'affaires de l'exploitant de casinos s'avère supérieur aux attentes des analystes et en progression de 5,7 % à 122,7 ME. L'activité des casinos (96 % du total, le reste étant imputable à l'hôtellerie) a augmenté sur la période de 6,2 %. Dans la foulée de cette publication, Gilbert Dupont a émis une opinion Accumuler sur Groupe partouche qu'il a assortie d'un objectif de cours de 3,14 euros (contre 2,69 euros précédemment).
Valorisation des casinos au point bas ?
Autre indice positif, selon Sébastien Korchia : le regain d'intérêt pour le secteur de la part de fonds d'investissement, regain perceptible au travers de la prise de contrôle par Fimalac d'une partie de Lucien Barrière et l'entrée prochaine au capital de partouche de Butler Capital Partners. « Si ces grands spécialistes des prises de participation qui recherchent d'ordinaire des rendements importants vont sur le secteur des casinos, peut-être est-ce le signe que la valorisation de celui-ci a atteint en France un plancher. »
Butler Capital Partners : de l'argent bienvenu pour partouche
Mais au-delà de ces considérations sectorielles, l'arrivée de Butler Capital Partners est d'après le gérant de MAM Entreprises familiales une excellente nouvelle pour Groupe partouche. «Butler Capital Partners garantira en avril à 2 euros par titre une augmentation de capital grâce à laquelle partouche va lever 30 ME. Cette opération qui permettra à Butler Capital Partners de détenir entre 12,5 % et 15,5 % du capital de Groupe partouche déstressera le bilan très tendu de ce dernier. Le ratio d'endettement sur fonds propre, qui avait culminé jusqu'à 126 % et était redescendu depuis à 98 %, va ainsi retomber à 51 %. Avec cet apport d'argent frais, l'exploitant de casinos se donne de l'oxygène et du temps pour vendre certains de ses actifs, en évitant de les brader. »
D'ailleurs le marché ne s'y est pas trompé. « Alors que l'augmentation de capital s'opérera à un cours inférieur à celui du titre au moment de son annonce, l'action partouche n'a pas chuté. Au contraire, l'inverse s'est produit, » souligne le gérant. « Le titre a touché les 3 euros, et s'est stabilisé aux alentours de 2,70 euros depuis. »
Bref, les voyants après avoir été au rouge vif passent doucement à l'orange sinon au vert. « Et quand on voit le parcours boursier des casinos américains, on peut se dire, que si les bonnes nouvelles se confirment, l'histoire boursière de Groupe partouche peut réellement redevenir séduisante, » insiste le gérant de MAM Entreprises familiales.
Les actionnaires de partouche auraient vraiment de quoi se frotter les mains si le titre suivait la trajectoire boursière de ses homologues américains : Las Vegas Sand qui croupissait à un plus bas de 1,5 dollar en 2009 valait 43 dollars le 4 mars. Quant à Wynn Resorts, qui possède des casinos (Las Vegas) ainsi que des hôtels de luxe (Las Vegas, Macao), son action qui était passée de 150 dollars en 2007 à 13 dollars en 2009 au plus fort de la crise, a ressuscité depuis pour se négocier le 4 mars aux environs de 130 dollars par action.
Une petite mise sur partouche
Toutefois, le gérant de Meeschaert AM se garde bien de vendre prématurément la peau de l'ours et ne sous-estime pas les risques qui entourent le dossier. « Le redressement boursier de Groupe partouche est conditionné à un cycle économique favorable. En outre, les acteurs du secteur des jeux ne sont pas dans le contexte actuel à l'abri d'un accroissement de la pression fiscale. » Du coup, mieux vaut s'abstenir de gros paris sur le titre. « Le dossier recouvre de plus en plus d'intérêt mais il faut être prudent. Accorder dans un premier temps à partouche une petite ligne dans un portefeuille pour éventuellement la renforcer me semble la meilleure ligne de conduite, » précise Sébastien Korchia (partouche représente 1 % de MAM Entreprises familiales) qui fixe un objectif de 3 euros à court terme avant d'espérer un cours de 4 euros à horizon de 12 à 18 mois.
(source : sicavonline.fr)