Un Nantais dénonce les effets indésirables du Requip, traitement contre la maladie de Parkinson.Ruiné au jeu, il demande 450 000 € à un géant mondial du médicament. Procès le 1er février.
« Personne n'a jamais osé s'attaquer à l'un des plus gros laboratoires du monde », affirme Antoine Béguin, avocat angevin. Le tribunal de grande instance de Nantes jugera, au civil, le 1er février, le premier dossier français portant sur les effets secondaires d'un traitement de la maladie de Parkinson. Le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) se retrouvera assigné pour « défectuosité d'un médicament ». Et le neurologue nantais l'ayant prescrit pour « manquement à son obligation d'informer ».
Il dilapide son argent
Le plaignant nantais, âgé de 52 ans, s'est vu diagnostiquer une maladie de Parkinson en 2003. Son médecin lui indique un médicament commercialisé par GSK, le Requip. Il stimule la production dans le cerveau de dopamine, un neurotransmetteur qui fait défaut aux parkinsoniens.
« De mars 2003 à septembre 2005, mon client va développer de graves troubles du comportement et sa personnalité va changer. » Il dilapide les économies du ménage dans les jeux sur internet (PMU ou casino), volant pour financer ses mises, conduisant sa famille à « la ruine économique ». Il sera également, jusqu'à se travestir, sujet à l'hypersexualité, recherche compulsive du plaisir sexuel. « Ces troubles vont cesser après l'arrêt du traitement. »
Pour les avocats Gérard Marot et Antoine Béguin, cela ne fait aucun doute : le médicament est en cause. « Dix praticiens dont quatre experts médicaux ont conclu que le traitement était bien à l'origine des troubles déclarés. » Problème, avant 2006, rien sur la notice du médicament ne mettait en garde le patient. Les avocats réclament 450 000 € au titre des dommages et intérêts.
Un dossier a déjà été plaidé aux États-Unis par un patient sous Mirapex, un médicament similaire. L'Américain a touché 8,2 millions de dollars. En juillet 2009, l'Agence française de sécurité sanitaire (Afssaps) mettait en garde les professionnels de santé sur la dangerosité de ce traitement. Elle mentionne « une centaine de cas de troubles compulsifs - jeu pathologique, comportements répétitifs sans but, augmentation de la libido ou hypersexualité - ont été rapportés chez des patients traités avec un ou plusieurs de ces médicaments dopaminergiques ».
Après ce procès, d'autres cas pourraient se faire connaître. De son côté, le laboratoire GSK refuse de communiquer « avant l'annonce du jugement ».
(source : maville.com/rnaud WAJDZIK/Ouest-France)