Les révélations de la CBC sur des transactions financières douteuses effectuées dans les casinos de la province de Colombie-Britannique (Canada) mettent en lumière les nouvelles techniques utilisées par le crime organisé pour blanchir ses revenus. Notamment l'usage des jetons de casino, qui seraient devenus la nouvelle monnaie d'échange des gangsters.
Ce ne sont que des disques de plastique, mais leur valeur les fait ressembler à des pièces d'or. Un jeton de casino peut valoir de 2 $ jusqu'à 1000 $, 5000 $ dans certains cas. On achète les jetons quand on entre dans le casino, et ensuite on peut les garder indéfiniment. Leur valeur ne change jamais.
« Vous pouvez acheter 50 000 $ de jetons, vous pouvez jouer un peu et repartir avec les jetons », explique l'inspecteur Barry Baxter, du groupe des produits de la criminalité de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). C'est là qu'ils deviennent intéressants pour les gangsters. C'est de l'argent propre qui peut servir à blanchir l'argent de la drogue, même pour de gros montants.
L'inspecteur Baxter explique que plusieurs gangsters peuvent acheter des jetons, les rassembler, et se les faire rembourser d'un seul coup, plus tard.
La police ne sait toujours pas si c'est ce qui s'est déroulé quand un homme est venu échanger 1,2 million de dollars en jetons contre de l'argent en mai dernier. C'est une des révélations contenues dans les documents que la CBC s'est procurés.
Autre information troublante : les casinos rapportent des dizaines de cas où on a vu des joueurs s'échanger leurs jetons dans le casino. Le 7 et le 10 mai, 400 000 $ en jetons ont ainsi changé de main au casino de River Rock. Pourtant, c'est interdit, a assuré une responsable.
La police croit que les gangsters font une partie de leurs transactions financières en utilisant ces jetons. Mais du côté des casinos, on est formel, quand on voit de gros montants de jetons échangés entre joueurs, c'est souvent par des joueurs étrangers qui veulent aider leurs amis et ne connaissent pas les règles locales, explique Howard Blank, du casino de River Rock, à Richmond.
Les gérants des casinos ne démentent pas être la cible des criminels, mais répètent qu'ils font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher le blanchiment d'argent dans leurs établissements.
D'après un reportage de Benoît Ferradini
(source : radio-canada.ca)