Le ministre responsable de Loto-Québec a-t-il profité du débat laborieux sur l’adoption du budget du gouvernement pour l’année financière en cours pour déposer, en catimini le 11 juin, le dernier rapport annuel de Loto-Québec? On pourrait le comprendre puisqu’une baisse des revenus de seulement 1,5 % s’est traduite par un bénéfice réduit de 7,9 %. Comment expliquer cet écart? Selon notre analyse, un manque de rigueur dans le contrôle des dépenses et une perte importante de 58,2 M$ sur un investissement en France expliquent ces mauvais résultats.
Dans notre analyse comparative, nous excluons l’exploitation des casinos parce que l’ouverture du Casino de Mont-Tremblant, à l’été 2009, a augmenté les dépenses encourues à ce chapitre. Les revenus, autres que ceux des casinos donc, ont baissé de 2,5 % au cours de l’année 2009-2010. Cela n’a pas empêché Loto-Québec d’augmenter ses dépenses, pour ces mêmes activités, de 11 M$, soit de 4,3 %.
Loto-Québec a investi 87 M$ en 2006 pour acquérir une participation de 35 % dans une entreprise qui exploite des casinos en France. Elle a investi 4,8 M$ sous forme d’équité et 82,2 M$ sous forme d’un prêt à 8 % dont les intérêts sont capitalisés (non encaissés) jusqu’à l’échéance du prêt en 2016. L’an dernier, Loto-Québec a complètement radié son placement en actions de 4,8 M$ et a cessé de capitaliser, à compter du 16 février 2009, les intérêts sur sa créance. Cette année, Loto-Québec a dévalué son prêt de 29,6 M$ et a radié les 24,9 M$ d’intérêts capitalisés sur cette créance d’avril 2006 au 15 février 2009. Cette radiation signifie que Loto-Québec a renoncé à capitaliser l’intérêt pendant toute la durée du prêt.
La perte totale encourue dans l’aventure française de Loto-Québec en 2009-2010 est encore plus considérable puisque la quote-part des pertes non-constatées pour l’exercice, qui atteint 3,7 M$, est exclue de l’état des résultats. La perte totale de l’année atteint 58,2 M$
Loto-Québec attribue ces pertes à la crise économique mondiale et à l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2008, d’une loi antitabac en France. Pourquoi avoir attendu cette année pour réduire la valeur de ce placement puisque ces évènements et leurs effets étaient déjà connus l’an dernier. Pourquoi le Vérificateur général, qui est chargé de vérifier les états financiers de Loto-Québec, n’a-t-il pas exigé que cette réévaluation du placement se fasse l’an dernier?
Je ne partage pas l’optimisme de la direction qui qualifie d’exercice théorique la réévaluation de son placement français. La loi antitabac a un caractère permanent et les casinos dans lesquels Loto-Québec a investi ont vu leur part de marché baisser depuis 2006. Les Québécois continueront de faire les frais de cette aventure.
(source : canoe.ca)