Avec une baisse d'activité de 15% par rapport à l'an passé, le casino fait face à la crise et veut demeurer un pôle d'animation dans la ville.
Le casino d'Arcachon (qui appartient au groupe Partouche) est installé dans le château Deganne depuis 1903. Même s'il reste à l'équilibre, il subit la crise économique. Gérald Hamo, directeur général du casino depuis janvier 2009, donne son point de vue sur l'établissement.
« Sud Ouest ». Gérald Hamo, comment se porte le casino d'Arcachon ?
Gérald Hamo. La situation pourrait être bien pire. Elle est mauvaise partout. En 2009, le produit brut des jeux s'est élevé à 6,592 millions d'euros, soit une baisse de 15 % par rapport à l'année précédente.
À quoi attribuez-vous cette baisse d'activité ?
Il y a l'interdiction de fumer dans les lieux publics : c'est dix minutes de jeu en moins par heure. Il y a ensuite l'obligation de présenter sa carte d'identité à l'entrée des casinos. Souvent, les gens n'entrent pas parce qu'ils ne l'ont pas sur eux.
Et la crise économique ?
Il y a enfin la crise économique et le manque d'argent que l'on ressent : au lieu de jouer 60 euros, les gens n'en jouent que 15. Nous avons limité les dégâts. Notamment en développant les nouveaux jeux, comme le poker. Nous sommes en progression de 200 % en 2009-2010 par rapport à 2008-2009 sur ce secteur. Il attire une nouvelle clientèle qui ensuite s'essaie aux autres jeux de tables comme le black jack ou la roulette. D'ailleurs, je réserve des surprises aux joueurs de poker l'hiver prochain, des tournois où le gagnant empochera un ticket de 8 000 à 10 000 euros (c'est-à-dire un accessit à des tournois prestigieux, NDLR).
Que représente le poker dans votre chiffre d'affaires ?
Peu. Le poker texas holdem représente 70 000 euros depuis le début de l'année sur deux ou trois tables. Comparativement, le black jack, sur la même période, c'est 130 000 euros sur une table. Mais le poker est à la mode et ce jeu fonctionne comme un produit d'appel.
Et la concurrence ?
Nous partageons maintenant le gâteau en deux. Avant, l'activité était lissée sur l'année. L'arrivée de la concurrence a exagéré la saisonnalité de notre activité. En moyenne sur l'année, 5 à 600 personnes fréquentent chaque jour le casino.
Combien avez-vous de machines à sous ?
100. En rapport avec notre nombre de tables de jeux, nous pourrions mettre en place 200 machines à sous, mais je n'en vois pas l'intérêt. La nouveauté est plus essentielle que le nombre.
Comment luttez contre la crise ?
La base, c'est l'accueil. Nous offrons des repas, des boissons. Nous essayons de fidéliser nos clients. Le restaurant et les bars tournent bien. Nous organisons des soirées à thème à des prix mesurés. Ce casino doit aussi être un lieu de distraction, pas seulement un établissement de jeux d'argent.
Est-ce compliqué d'être installé dans le château Deganne ?
Oui, c'est très compliqué, puisqu'il n'y a que des petites salles. Ensuite, l'absence de parking est un vrai problème. Je partage le stationnement avec les gens qui vont à la plage. En dehors de la crise, c'est notre problème numéro un.
Pourquoi la configuration des salles pose-t-elle problème ?
Pour un tournoi de poker avec 200 personnes, nous devons mobiliser deux salles sur deux étages. C'est moins agréable pour les joueurs et il faut plus de personnel.
Combien y a-t-il de salariés ?
Nous avons actuellement cinquante-sept salariés, plus six extras tous les mercredis. C'est une vraie fierté de faire vivre soixante familles. Avec notre chiffre d'affaires, en respectant la réglementation, il faut soixante salariés.
Le maire veut laisser le château Deganne au Palais des congrès, et déménager le casino dans un nouveau complexe hôtelier en projet place Peyneau. Qu'en pensez-vous ?
Je pense que la ville pourrait en parler avec le groupe ou avec moi avant d'en parler publiquement. Nous en avons déjà parlé avec le maire, mais cela remonte à plusieurs années maintenant. Officiellement, nous savons qu'il y a un projet, mais c'est tout. Qui achètera le terrain ? Qui va construire ?
Le déménagement vous paraît-il inéluctable ?
Nous sommes très heureux d'être au château, au cœur de la ville. Après, chaque endroit a ses avantages et ses inconvénients. Mais le château n'est plus vraiment adapté. Lorsqu'il n'y avait que les jeux traditionnels et le restaurant, ça allait. Avec les machines à sous, c'est plus compliqué. Alors soit on part, soit on nous donne le Palais des congrès. Il nous manque grandes salles et un vrai bar de nuit.
Quel est le taux de prélèvement de la ville sur votre produit ?
14 % depuis toujours (contre 10 à Gujan par exemple, NDLR). Nous payons aussi un loyer.
(source : sudouest.fr/David Patsouris)