Antoine Dorin, le président de la Fédération française des joueurs de poker est optimiste sur la croissance du poker en France.
FRANCE-SOIR. Comment se porte le poker dans notre pays ?
ANTOINE DORIN. Très bien. L’engouement de ces dernières années ne s’est pas tari, loin de là. Nous comptons actuellement 2,5 millions de joueurs de poker en France. Un nombre qui a explosé en l’espace de cinq ans. Nous sommes passés de quelques milliers à plusieurs millions.
A quoi est dû cet engouement selon vous ?
A plusieurs choses. Tour d’abord la convivialité qui est une des caractéristiques principales du poker. C’est aujourd’hui un élément de sociabilisation important où l’on se retrouve entre amis pour passer un bon moment. Même si on ne sait pas jouer, d’autres personnes nous apprennent. C’est un jeu par lequel beaucoup de choses se transmettent. Il y a aussi eu Internet. Avant il était par exemple très difficile de trouver un livre qui explique correctement les règles du poker. Avec Internet, ce savoir s’est trouvé immédiatement disponible pour le plus grand nombre. Après nous avoir permis d’accéder aux règles, Internet nous a aussi permis de faire nos premières armes en jouant gratuitement. Ça été une révolution incroyable. Avant, le poker ne se jouait que dans des cercles où il fallait payer un droit d’entrée, parfois élevé, pour jouer et apprendre. Avec Internet cette barrière a disparu. Enfin la télévision a réellement sorti le poker de la cave. Elle a changé les mentalités. Avec des émissions consacrées au jeu et notamment grâce à Patrick Bruel, les Français se sont rendus compte que le poker n’était pas qu’un jeu de mafieux qui boivent du whisky et fument des cigares.
L’appât du gain a-t-il aussi participé à la fulgurante ascension du poker ?
Evidemment l’idée de gagner rapidement de l’argent avec le jeu a attiré les joueurs. Mais je pense plutôt que c’est le plaisir de la compétition, plus que l’appât du gain, qui pousse les Français à jouer au poker. On le voit bien aujourd’hui. Il y a plus de 400 clubs de poker un peu partout en France et comme pour les clubs de jeux plus classiques, on remarque que ces participants veulent être les premiers, être bien classés au niveau départemental puis régional et pourquoi pas national, plus que de gagner de l’argent.
Le poker a-t-il encore de belles années devant lui ?
Oui. La croissance de jeu en France est très forte et je pense qu’elle le restera. Le phénomène de propagation va continuer, incitant de plus en plus de personnes à jouer. Les femmes, qui ont encore quelques réticences à jouer, représentent l’avenir du jeu. Et enfin je pense que la génération de 30 ans d’aujourd’hui va vieillir et va continuer à jouer, il y aura ainsi une homogénéité générationnelle parmi les joueurs. Je pense donc que le nombre de joueurs en France va doubler dans les années à venir, et avoisiner les 5 millions.
(source : francesoir.fr/Romain Katchadourian et Guillaume Rameaux)