Le groupe a décidé de devancer la loi qui devrait autoriser les jeux d'argent en ligne en France.
Le ton monte. Alors que les jeux d'argent en ligne sont toujours interdits en France, le groupe de casinos Partouche a décidé de ne plus attendre. Il a ouvert cette semaine un site de poker en ligne qu'il prévoit d'étoffer dans les prochains jours, en y ajoutant paris sportifs et backgammon. Ce site est basé à Gibraltar. Jusqu'alors, s'il permettait de jouer au poker, les joueurs ne dépensaient pas directement leur argent en ligne : les gagnants empochaient des tickets qu'ils pouvaient ensuite aller dépenser dans les casinos du groupe. « L'État français fait comme si le jeu en ligne n'existait pas, a expliqué hier au Figaro Patrick Partouche, président du directoire. Qu'il continue ! C'est tout le monde ou personne. Je me suis mis dans la même position que 2 000 sites de jeux en ligne qui existent déjà. C'est la situation la plus légitime même si ce n'est pas la plus légale. Ce n'est plus tolérable. »
Les casinos traversent une période difficile. Mercredi, ils ont appelé le gouvernement à l'aide pour payer moins de taxes et avoir plus de libertés pour développer leurs activités. Dominique Desseigne, président du groupe Barrière, a dénoncé à cette occasion la concurrence « illégale » d'Internet, sur les sites de jeux pour le moment interdits en France. Ces sites sont basés hors de France, mais rien n'empêche les joueurs français d'y dépenser leur argent. Selon des estimations, le produit brut des jeux (le chiffre d'affaires de ces sites en France) représenterait 400 millions d'euros cette année.
Sous la pression de l'Union européenne, une loi se prépare pour libéraliser le marché. Le projet est en discussion dans les ministères concernés (Matignon, le Budget, l'Intérieur, les Sports et l'Agriculture). Il devrait être présenté en Conseil des ministres en fin d'année, pour être discuté au Parlement début 2009.
Jeux de hasard interdits
Tous les candidats à une licence sont dans les starting-blocks. La Française des jeux et le PMU bien sûr. Mais aussi des sites Internet, comme bwin, Unibet ou encore BetClick. Ce dernier, opérant depuis Malte, est contrôlé à 75 % par la société d'investissement de Stéphane Courbit, Mangas Capital Gaming, qui vise une position dans les cinq premiers européens dans les trois ans en rachetant des leaders régionaux. Les grands groupes de médias et de télécoms sont aussi sur les rangs. bwin vient, par exemple, de s'associer avec le groupe Amaury. Reste à savoir ce que la loi autorisera ou non. À ce stade, selon nos informations, les jeux de hasard (roulette, black-jack et backgammon) ne seraient pas autorisés sur Internet. Au grand dam des casinotiers et des opérateurs de sites de jeux en ligne.
(source : lefigaro.fr/Mathilde Visseyrias)