RAPPEL DES FAITS. Au printemps 2004, Jean-Philippe Bryk, « drogué du jeu » et ruiné, attaque avec son avocat, M e Portejoie, le casino de Vichy (Allier) en justice. Une première. « Je veux qu'on sache que le jeu rend malade », justifie-t-il à l'époque. Ce père de famille a perdu ses procès mais a fait avancer la réflexion sur l'addiction au jeu.
A 48 ANS, c'est un homme neuf. Sa guérison tient pourtant du miracle. « Après mon action en justice, je suis resté neuf mois dans mon lit sans voir personne, témoigne Jean-Philippe Bryk. Beaucoup disaient que j'étais seul fautif, prétendant qu'on peut s'arrêter de jouer quand on veut. Quelque part, j'avais dérangé. Les procès ont eu pour moi une vertu thérapeutique, ça m'a libéré et je crois avoir fait bouger les choses.
» Pour soigner sa dépendance, Jean-Philippe Bryk a délaissé les médecins et les psys, « trop coûteux ». Grâce au soutien de sa femme et d'un ami, il a réussi à « sortir de cet enfer ». Malgré 600 000 € de dettes, aujourd'hui presque apurées, il a remonté la pente et s'est relancé dans les affaires. « Pas facile, l'étiquette de joueur vous colle à la peau, un peu comme si vous sortiez de prison », confie cet homme à la tête d'une entreprise de transports et qui vient de racheter un restaurant routier dans l'Allier. Pour lui, la page des casinos est tournée. « Je n'y remettrai plus jamais les pieds », assure Jean-Philippe Bryk en relevant désormais qu'un joueur interdit de casino ne peut normalement plus accéder à un établissement. « Mon combat, c'est du passé, mais cela a secoué les consciences et je pense avoir dû aider d'autres accros », ajoute-t-il. Aujourd'hui, l'ex-drogué des casinos assiste au succès foudroyant du poker. « Une nouvelle menace. Quand je vois des gamins de 15 ans passer leurs journées à jouer au poker sur Internet, je trouve ça préoccupant », estime Jean-Philippe Bryk.
(source : leparisien.fr)