Le gouvernement est prêt à briser le monopole du PMU et de La Française des jeux pour les paris sportifs sur Internet.
C'EST UN premier pas vers la libéralisation des jeux d'argent sur Internet. Hier, le ministre du Budget et des Comptes publics, Éric Woerth, en réponse à une injonction de Bruxelles, a indiqué que « le gouvernement n'est pas hostile à une ouverture du monopole sur les paris sportifs ».
Pour l'instant, cela exclut les jeux de casino en ligne comme le poker ou le black jack ainsi que les jeux de grattage ou de loterie sur Internet. Il n'empêche. C'est une première brèche dans un monopole qui date de la fin du XIXe siècle. Actuellement, seuls La Française des jeux (FDJ) avec Cote & Match, et le Paris mutuel urbain (PMU) peuvent proposer des paris sur la Toile, chacun dans sa spécialité.
Dans les faits, « plus de 2 000 sites proposent des jeux d'argent sur Internet et le marché français des paris sportifs et hippiques en ligne devrait doubler d'ici aux cinq prochaines années à 1,5 milliard d'euros », explique Thibault Verbiest, avocat de l'association européenne des opérateurs de jeux et paris (EGBA).
Un groupe de travail à Bercy
Avec de telles perspectives de croissance, il était logique de voir de nouveaux opérateurs comme le britannique Unibet ou l'autrichien Bwin, qui sont d'ailleurs à l'origine de la plainte contre la France et dix autres pays européens sur le monopole des paris en ligne. « D'autres groupes français de médias ou télécommunications pas encore présents sur le marché devraient aussi être intéressés par les enjeux de ce marché », poursuit Thibault Verbiest.
Quoi qu'il arrive, le PMU et la FDJ ne devraient pas être trop inquiétés par l'arrivée de nouveaux concurrents légaux sur la Toile. L'activité que ces deux opérateurs réalisent en ligne représente moins de 5 % de leur chiffre d'affaires. « Nous ne représentons que 1 % du marché français des paris sportifs en ligne », relativise-t-on à la FDJ. En outre, la notoriété et les réseaux commerciaux de la FDJ ou du PMU sont tels qu'il sera difficile de changer les habitudes des consommateurs.
Il reste à connaître les modalités de la mise en oeuvre de cette ouverture du marché. Éric Woerth doit se rendre à Bruxelles début octobre pour en discuter avec Charlie McCreevy, commissaire européen responsable du Marché intérieur et des Services. Un groupe de travail entre les différentes parties concernées a été constitué par Bercy. Déjà, l'un des concurrents du PMU sur Internet, Zeturf basé à Malte, se dit prêt à reverser une partie des gains à la filière hippique. « Nous reversons aux joueurs 95 % des enjeux, contre 72 % pour le PMU dont les frais de structure atteignent tout de même 500 millions d'euros, fait remarquer Emmanuel de Rohan Chabot, président de Zeturf. Nous sommes prêts à réduire notre marge et à maintenir un mode de jeu transparent basé sur un mode mutuel. »
Ce n'est probablement qu'une première étape. Les casinos, qui sont déjà prêts, pourraient très vite demander l'ouverture de salles de jeu sur Internet. Pour l'instant, le poker en ligne reste illégal en France.
(source : lefigaro.fr/ÉRIC DE LA CHESNAIS)