Pas de néons, ni de déco flashy. Le casino qui vient d'ouvrir à Ronce-les-Bains s'est fondu comme par miracle dans les murs de l'ancienne école primaire. Là où les enfants s'instruisaient, les adultes peuvent aujourd'hui se perdre en jouant à la roulette anglaise, au black jack ou sur l'une des cinquante machines à sou de l'établissement. Le sixième casino, et premier du groupe Partouche, en Charente-Maritime. Une création qui, après l'ouverture du casino de Jonzac en 2003, vient confirmer la fertilité du département en la matière.
À Ronce-les-Bains, on est encore loin de Las Vegas. Une ancienne cour de récré transformée en salle de jeux, des salles de classes devenues bar-restaurant. Décor sobre, meubles design, faitouts retournés en guise de tabourets de bar, tableau noir conservé. «On a volontairement donné un côté feutré au lieu, précise Sylvie Brabant, la directrice de l'établissement. On a même hésité à recréer un jeu de marelle au sol.»
À 18 ans, âge requis pour entrer dans les casinos, on n'a plus forcément envie de jouer à des jeux inoffensifs, mais plutôt de décrocher le gros lot sur un bandit manchot. Une machine qui a damé le pion aux jeux traditionnels depuis belle lurette. Au casino de La Rochelle - 140 machines à sou - un client est parti avec 491.000 € le 20 avril dernier, «le plus gros jackpot de la côte atlantique», dit Gilles Vergy, le directeur.
Mieux que la Française
des Jeux
Au casino Barrière de Royan, le plus important du Poitou-Charentes avec 175 machines à sou, le dernier gros jackpot remonte à 2004: 219.000 €. Un autre est en route. «Un jackpot progressif sur quatre machines à sou reliées entre elles, précise Isabelle Delouche, responsable marketing. Il est à 293.000 €, mais il grimpe tous les jours.» Quatre machines qui ne sont pas forcément prises d'assaut, car il faut glisser trois fois 50 centimes d'euro pour espérer décrocher la timbale, quand d'autres machines démarrent avec des mises à 5 centimes.
Bienvenue là où tout est possible et rien n'est certain. «Si vous écoutez les clients, ils gagnent toujours plus ailleurs, lance Franck Boyer, membre du comité de direction du casino de Fourras. En fait, plus on a de machines, plus les clients font des gains.» En France, les machines à sous sont programmées pour redistribuer entre 85% et 92% des mises, quand la Française des Jeux en redistribue 59% et le pmu 72%.
La seule certitude en la matière est celle de tomber sur un casino au bord de l'eau, qu'elle soit chaude ou froide. Jonzac, La Rochelle, Royan, Fourras, Châtelaillon, Ronce-les-Bains... Comme les réserves indiennes aux États-Unis, les côtes françaises sont des lieux de prédilection pour les établissements de jeux. «Normal, dit Franck Boyer, la loi s'est assouplie ces dernières années pour les agglomérations de plus de 500 000 habitants, mais autrefois, on ne pouvait monter un casino que dans les stations balnéaires ou les stations thermales.»
Celui de Châtelaillon a fêté son centenaire en 1997. Appartenant aujourd'hui au groupe Émeraude, il a été ouvert par une société de chemins de fer, bien avant la création de la SNCF. «On a retrouvé des affiches publicitaires qui vantaient la destination à onze heures de Paris», raconte Valérie Blondeau, responsable administrative.<
La Rochelle, ville à part
La Rochelle est un cas un peu à part. «Le casino est né en 1898. Avant la loi de 1907 qui a imposé les casinos sur des stations thermales ou balnéaires, explique Gilles Vergy. En ville, on a la chance d'avoir une exploitation lissée sur toute l'année.»
Une clientèle à laquelle est encore attachée une image élitiste peu conforme à la réalité. La Charente-Maritime n'est pas Monaco.
«En bord de mer, on a beaucoup de personnes âgées, souligne Sylvie Brabant. Elles ont un pouvoir d'achat plus important que des jeunes couples et constituent une bonne partie de la clientèle en intersaison. Mais, pour nous, c'est évidemment la période estivale la plus intéressante. Il suffit de regarder les chiffres: on a 5.500 personnes sédentaires pour près de 35.000 personnes en haute saison.» Des touristes qui se baignent le matin et se ruent sur les machines à sou le soir.
(source : charentelibre.com/Céline AUCHER)