Euro Millions, Quinté+, "bandits-manchots": en 2006, les Français ont laissé chaque jour 55,6 millions d'euros dans les caisses de la Française des Jeux (FDJ), du PMU et des casinos, l'équivalent du prix d'un Airbus A-319 ou de la construction de deux lycées en Ile-de-France.
En quatre ans, selon une enquête de l'AFP, les sommes dépensées quotidiennement au jeu par les Français, sont passées de 47,3 M EUR en 2003, à 51,2 en 2004, 53,5 en 2005 pour atteindre en 2006 la somme record de 55,6 millions.
En 2006, les trois grands opérateurs français, placés sous le contrôle sourcilleux de l'Etat qui détient le monopole des jeux, ont enregistré une recette de 20,3 milliards d'euros: 9,5 milliards pour la FDJ et ses 40.000 points de vente; 8,1 milliards pour le PMU, ses 225 hippodromes et ses 8.881 points de vente; 2,7 milliards de produit brut des jeux (PJB, différence entre mises et gains) dans les 193 casinos qui abritent 19.000 machines à sous.
Mais le PJB des casinos ne reflète qu'imparfaitement le total des sommes laissées par les Français dans les "bandits-manchots" (machines à sous) et redistribuées aux gagnants. Ces 20,3 milliards n'intègrent pas non plus les recettes des jeux clandestins et des jeux d'argent sur internet, comme le poker auquel s'adonnent chaque jour des dizaines de milliers de Français.
De toute façon, l'"Etat croupier", comme l'a surnommé le sénateur UMP François Trucy, auteur de deux rapports d'information sur les jeux, aura été le premier gagnant puisque 6 mds EUR auront alimenté les caisses de Bercy en 2006 (prélèvements divers, taxes, impôts).
A la grande valse des milliards, c'est la Française des Jeux qui, en 2006, a été la meilleure danseuse. Grâce à l'Euro Millions, loterie européenne qui rassemble neuf pays chaque vendredi soir, la FDJ a augmenté son chiffre d'affaires de 6,1% par rapport à 2005.
L'Euro Millions a en effet produit 80% de la croissance avec un chiffre d’affaires de 1,3 md EUR, porté par deux cagnottes de 183 M EUR, et permis à 119 gagnants français d'empocher des chèques de 131.000 euros à 61 millions d’euros.
Quant au PMU, il a quelque peu traîné des pieds en 2006, avec une hausse de 1,2% seulement de son chiffre d'affaires (6% en 2005) malgré une augmentation du nombre des courses proposées aux parieurs.
Enfin, les casinos, avec une augmentation de leur PJB de 1,33%, ont connu leur plus faible croissance depuis quinze ans. En fait, a déclaré à l'AFP Jean-François Cot, secrétaire général du Syndicat des casinos de France, premier syndicat professionnel du secteur, le "produit net des casinos (avant impôts et taxes classiques, ndlr) stagne depuis quatre ans et a même régressé en 2006 de 0,9%".
Face à la vogue croissante des jeux en France et à son cortège de plus en plus fourni de joueurs dépendant au Rapido et à ses 200 tirages quotidiens ou aux machines à sous, le gouvernement a installé en février 2006 le Comité consultatif pour la mise en oeuvre de la politique d'encadrement des jeux et du jeu responsable (Cojer). Celui-ci est chargé de se prononcer sur le plan d'actions de la FDJ pour "prévenir le jeu excessif et favoriser la pratique raisonnable du jeu".
De même, le gouvernement va interdire, par décret, aux jeunes de moins de 18 ans, l'accès à la vingtaine de jeux de tirage, de grattage ou de pronostics de la FDJ. Enfin, depuis le 1er novembre, les contrôles d'identité sont obligatoires à l'entrée des casinos pour en interdire l'entrée aux mineurs et aux interdits de jeu.
(source : 20mi
nutes.fr/AFP)